Une idée, une forme, un être Parti de l'azur et tombé Dans un styx bourbeux et plombé Où nul œil du ciel ne pénètre
Un ange, imprudent voyageur Qu'a tenté l'amour du difforme, Au fond d'un cauchemar énorme Se débattant comme un nageur,
Et luttant, angoisses funèbres! Contre un gigantesque remous Qui va chantant comme les fous Et pirouettant dans les ténèbres
Un malheureux ensorcelé Dans ses tâtonnements futiles, Pour fuir d'un lieu plein de reptiles, Cherchant la lumière et la clé
Un damné descendant sans lampe, Au bord d'un gouffre don't l'odeur Trahit l'humide profondeur, D'éternels escaliers sans rampe, Où veillent des monstres visqueux Don't les larges yeux de phosphore Font une nuit plus noire encore Et ne rendent visible qu'eux
Un navire pris dans le pôle Comme en un piège de cristal, Cherchant par quel détroit fatal Il est tombé dans cette geôle
Emblèmes nets, tableau parfait D'une fortune irrémédiable, Qui donne à penser que le diable Fait toujours bien ce qu'il fait!
II
Tête-à-tête sombre et limpide Qu'un cœur devenu son miroir! Puits de vérité, sombre et noir, Où tremble une étoile livide,
Un phare ironique, infernal, Flambeau des grâces sataniques, Soulagement et gloire unique La conscience dans le mal!