Tourmenté d’une soif spirituelle, j’allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier. De ses doigts légers comme un songe, il toucha mes prunelles. Mes prunelles s’ouvrirent voyantes Comme celles d’un aiglon effarouché. Il toucha mes oreilles, elles se remplirent de bruits et de rumeurs. Et je compris l’architecture des cieux et le vol des anges au-dessus des monts, et la voie des essaims d’animaux marins sous les ondes, le travail souterrain de la plante qui germe. Et l’ange, se penchant vers ma bouche, m’arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges, et entre mes lèvres glacées sa main sanglante il mit le dard du sage serpent. D’un glaive il fendit ma poitrine et en arracha mon cœur palpitant, et dans ma poitrine entrouverte il enfonça une braise ardente. Tel un cadavre, j’étais gisant dans le désert, Et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute et parcourant et les mers et les terres, Brûle par la Parole les cœurs des humains.