San Francisco , 3 mai 1880 Ton Eugène Chère Marie ne t'inquiète plus Le chirurgien a dit hier Que la gangrène n'a pas pris Que la chance est avec moi Certes je perds une jambe Mais il me reste l'autre Oh Marie, si tu savais J'ai creusé le roc Comme à main nue Entouré de misérables De Polonais et aussi quelques français Oh Marie, nous autres Les errants, les chercheurs d'or Si nous ne vivons que par elle La montagne nous dévore
Tout est bon Ici ça va Je suis vivant Ici c'est chaud Je suis sauvé Ici ça va Je suis vivant
Dès l'aurore résonne Le tonnerre de la dynamite Des blocs de roches s'affaissent Dévalent le long des ravines Oh Marie, à chaque seconde L'avalanche me désire et me frôle Ce matin là, elle me prodigue Ses plus douces caresses Amoureusement elle m'enlace Je suis son amant
Tout est bon Ici ça va Je suis vivant Ici c'est bon Je suis sauvé Ici ça va Je suis vivant
Oh ma chère Marie Enfin c'est l'heure du secret Tu vois sous mes draps Il y a un petit sac en cuir noir Ce qui illumine ma main C'est de la poussière d'or, Marie Regarde comme je brille Regarde comme nous sommes riches
Sens sur ton visage Ce vent qui te lave Et qui gonfle les voiles De ce vaisseau qui quitte la rive Oh Marie, adieu la mort Adieu l'Amérique
Tout est bon Ici ça va Je suis vivant Ici c'est chaud Je suis sauvé Ici ça va Je suis vivant