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Le Motel

Aymeric David, novembre 2012

Partie 2

Dix minutes plus tard, le monospace s’avançait sur le parking du motel.

«Hé bien, moi qui pensait être en plein cambrousse au fast-food!» songea-t-elle.

Le motel était complètement isolé. Elsa avait dû prendre une sortie étroite, débouchant sur une petite départementale. Celle-ci serpentait entre un hyper-marché, et de sombres entrepôts silencieux. Tout était désert, et quelques lampadaires illuminaient, de ci de là, la route tortueuse. Tout au fond du cul de sac, le motel exhibait son énorme panneau lumineux, visible depuis la nationale.

Elle gara la voiture, pris son sac à dos, verrouilla et vérifia plusieurs fois la voiture, et se dirigea vers le motel. En passant, elle jeta un coup d’œil aux voitures garées sur le parking. A l’allure de ces véhicules, elle saurait globalement quel genre de voisins elle aurait pour la nuit.

La première voiture qu’elle vit était une espèce de coupé sport blanc. A l’allure et à la marque, elle était sans conteste la propriété d’un homme fortuné. Elsa s’étonna de voir un tel bijou dans un parking aussi sordide.

A coté, un monospace, plus grand que le sien. A l’arrière, deux rehausseurs. Sur la plage arrière, une ribambelle de peluches. Elsa sourit et pensa au bazar que ses enfants mettaient dans sa voiture régulièrement, et que son mari déblayait tous les trois jours avec un calme olympien.

Elle vit ensuite quelques voitures banales, un peu usées, un peu «frottées». Des papiers sur le tableau de bord, un sac de sport, une bouteille d’eau, du fouillis. «C’est la crise» pensa-t-elle.

Le dernier véhicule lui donna un sentiment de déjà vu. La forme lui était familière. Sombre, un peu cabossée... une BMW. Immédiatement, la tête du type au restaurant lui revint en mémoire. Il était ici. Il passait la nuit dans le motel. Elle regarda rapidement derrière elle, croyant entendre un bruit. Il n’y avait rien. Elle entra dans le petit hall. La porte était ouverte. Elle s’avança vers le guichet, tenu par une jeune fille à l’air aimable.

«Bonsoir! dit-elle. J’ai réservé une chambre pour une nuit.

-A quel nom?

-Franck Baroux.

-Deux adultes et un enfant. C’est ça?

-Oui. Un petit incident de dernière minute, je suis seule...»

Elsa pensa à sa visite aux urgences pour l’entorse de son fils. Dommage... elle aurait bien aimé se promener avec lui et Franck dans le vieux quartier du Mans.

«Vous avez déjà réglé, dit la jeune femme. Je suis désolée, on ne peut pas...

-Non, pas de souci, ne vous en faites pas, l’interrompit Elsa. Ca me fera plus de place pour dormir! C’est pas grave!»

La guichetière prit la feuille sortie fraichement de l’imprimante et la lui tendit.

«Voila, c’est la chambre 104, au rez-de-chaussée. Les toilettes et les douches sont sur le palier. Vous avez votre code pour la porte inscrit ici sur la feuille. Vous connaissez le principe?

-Heu, dites toujours, dit Elsa, peu familière des motels modernes.

-C’est simple: vous n’avez plus de clés. A la porte de votre chambre, vous avez un clavier. Vous tapez votre code à six chiffres et ça déverrouille la porte. Vous utilisez ce code pour la porte du hall, si vous voulez sortir après vingt-trois heures.

-C’est sensé être plus pratique qu’une simple clé ?

-Disons que c’est plus sûr: on change les codes des portes à chaque nouveau client. On a déjà eu des ennuis avec un monsieur, il avait fait un double de sa clé de chambre, et il était revenu plus tard, quand d’autres personnes occupaient... enfin bref! fit la jeune fi

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