Le murmure recommença, comme un chuchotement discret mais tout à fait perceptible dans l’obscurité.
Elsa sursauta. Pas d’erreurs. Elle avait bien entendu. Elle était sûre que ça venait de l’intérieur de l’hôtel. Près du hall. Quelqu’un faisait un signal, elle en était certaine. Immédiatement, elle pensa au type du restaurant. Elle comprit en un clin d’œil. Ce type faisait un signal à ses comparses, à l’extérieur. Ils avaient préparé un coup, et c’était le signal du départ. Le type avait loué une chambre, pour pouvoir faire pénétrer tout le monde en pleine nuit, grâce à son code de porte. Ils avaient du suivre le propriétaire de la voiture de luxe, dans le parking... Et maintenant tout le monde dans le motel était menacé...
De nouveau, le chuchotement. Il lui semblait plus net.
Elsa sentit une sueur froide lui couler dans le dos. Ils allaient passer dans les couloirs, et certainement entrer dans chaque chambre pour agresser, dévaliser les clients de l’hôtel... «C’est pas vrai, c’est pas vrai!...» Elsa se sentit démunie, tout à coup. Elle pensa à son code de porte, forcément connu du type, elle en était sûre à présent. Elle n’osa plus bouger de son lit, certaine que le moindre mouvement, le moindre bruit de sa part trahirait sa présence... La porte volerait en éclat... «Non, c’est idiot, se dit-elle. Comment je pourrais trahir ma présence, de toute façon il SAIT dans quelle chambre je me trouve. C’est foutu! Il va entrer ici comme chez lui!». Elle regarda le loquet sur la porte.
Ce loquet lui sembla aussi utile qu’un pansement sur une jambe de bois. Il lui paraissait fragile, prêt à céder à la moindre pression. Elsa réfléchit à toute allure pour trouver un moyen de barricader cette porte aussi peu protégée. Le lit était assez proche de celle-ci. Elsa sorti des draps doucement. Ses yeux s’étaient faits à la pénombre. Les lampadaires du parking diffusaient une légère lueur dans le bas de la fenêtre. Elle s’approcha du bureau, et prit la chaise. Avec précaution, comme si le moindre bruit allait compromettre ses plans, elle plaça la chaise par terre, posée sur le côté, le haut du dossier contre la porte et l’assise contre le lit. Ce dernier était fixé au mur. Il ne pouvait pas être déplacé facilement. Mais la chaise était trop grande, et ne pouvait pas garantir qu’elle empêcherait l’ouverture de la porte si celle-ci était forcée. Elsa entreprit de la tenir, arc-boutée contre le mur adjacent, la forçant en diagonale entre la porte et le lit. Position inconfortable. Elle tiendrait le temps qu’il faudrait. Elle essaya d’attraper l’oreiller sur le lit, mais un bruit dans le couloir la fit sursauter. Elle se jeta si vite au sol pour reprendre sa position que sa tête heurta violement le bas mur. Elsa ne sentait pas la douleur. Elle était terrifiée, et l’adrénaline courait dans son corps, l’anesthésiait.
Elle attendit dans le silence. Des crampes se formaient dans ses jambes et son dos, et une douleur au niveau de sa tête monta doucement. Sa position, jambes tendues, plaquant la chaise contre la table de nuit, était vraiment
inconfortable. Elle passa le reste de la nuit dans cette position.
Elle se réveilla avec l’impression d’être passée sous un bus. Tous ses muscles étaient tendus, perclus de rampes. Elle tenait toujours la chaise contre le mur. Le manque de sommeil lui vrilla les tempes. Elle entendit des bruits de pas et de discussions dans le couloir. Une lueur vive par la fenêtre attesta que le jour était levé. Elsa regarda sa montre. 6:42. Elle poussa un soupir de soulageme