Le soleil éclaire les prés. Aurélie et Nicolas se promenent le long d’un sentier au milieu des champs. Ils se tiennent par la main.
— Hier, je me suis disputé avec mon oncle, dit soudain le jeune homme.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il ne veut pas nous aider. Il refuse de nous donner l’argent pour l’auberge. Tu sais, pour réparer la toiture...
— Ça signifie que nous n’avons pas assez d’argent pour notre mariage ? demande Aurélie.
— En fait, nous n’en avons pas du tout. Il va falloir attendre, ma chérie.
— Attendre encore ? J’en ai assez !
— Mon oncle était la seule personne à pouvoir m’aider, mais il a refuse catégoriquement.
— Quel minable ! Je le déteste ! s’exclame Aurélie.
Elle se tourne vers les montagnes pour cacher ses larmes.
Pendant ce temps, Serge se trouve dans la droguerie de son ami Antoine, un homme maigre aux yeux malicieux qu’il cache derriere d’épais verres à lunettes. Serge observe les nouvelles étagères avec satisfaction, puis il dit :
— Le menuisier a vraiment fait un excellent travail !
Il s’assoit sur la chaise qui se trouve à côté du comptoir. Le droguiste profite de l’occasion pour aborder un sujet délicat.
— Dans le village, il y a des gens bien, des personnes honnêtes... Toi, au contraire...
Serge se tourne brusquement vers son ami.
— Moi, quoi ? Que veux-tu insinuer ? Vous commencez tous à m’agacer ! Serge fais ceci, Serge fais cela, Serge donne-moi de l’argent, Serge ne dis rien à personne...
Il regarde Antoine, d’un air sévère. Puis il reprend :
— Vas-y ! Je suppose que toi aussi tu as quelque chose à me demander !
— Tu dois aider Julien, dit le droguiste a voix basse. Je lui ai prêté de l’argent, mais il ne me l’a pas rendu.
— Et il ne te le rendra pas ! On m’a dit qu’il ne travaille pas beaucoup en ce moment...
— C’est justement pour ça que tu dois lui vendre ton terrain, ajoute Antoine, pour lui permettre de faire construire et de gagner de l’argent.
Serge sourit, mais son regard est glacial.
— Il ne pourra construire qu’après ma mort ! crie-t-il avant de sortir, sans dire au revoir à son ami.