- Tiens, bonjour Michel. Ça fait longtemps ! Ça va?
- Bonjour, Thierry. Oui, je ne vais pas trop mal. Je te remercie.
- Tu as l'air un peu fatigué.
- Oui, je sais, je n'ai pas trop bien dormi ces derniers jours.
- Ah bon? Tu as des soucis?
- Oh, oui un peu. Non, en fait, je vais plutôt mal. J'ai été licencié par Air France le mois dernier et en plus je pense que Joséphine ne m'aime plus.
- Pourquoi? Je pensais que les choses marchaient plutôt bien avec Joséphine?
- Ça fait plus d'un mois qu'elle m'évite. Elle ne me rappelle pas !
- Ah bon? Je suis désolée. Mais il ne faux pas te décourager. Tout cicatrise avec le temps.
- C'est pas si facile, je suis complètement démoralisé. J'ai l'impression que ma vie est nulle.
- Bon, je vais essayer de te remonter le moral: imagine que tu sois Louis XVI.
- Ah, intéressant, toutes les marquises et toutes les duchesses seraient à mes pieds ! Continue.
- On est en 1793, tu viens d'être condamné à la guillotine. On te conduit lentement vers l'échafaud, devant la foule excitée. Le scintillement de la lame aiguisée, t'éblouit. Les marches de la scène grincent sous tes pieds. Le bourreau te prend brusquement par le bras et te coince le cou dans l'engin meurtrier. Tu penses à tous ces fabuleux bals masqués ainsi qu'au luxe de ton palais. Tu te souviens des charmantes promenades matinales dans tes jardins en compagnie des courtisans. Soudain, tu entends un déclic et le bruit d'un poids qui tombe. Puis, plus rien, tout est fini.
- Je te remercie de m'avoir fait vivre une mort atroce en plus de ma tragédie personnelle ! Je me sens beaucoup mieux !
- Mais tu ne comprends pas, tu es vivant. C'est ça le plus important ! Et tu as tout ce qu'il te faut: amis, de quoi manger, et tu es en bonne santé. Tu focalises trop sur ce qui ne marche pas et tu oublies trop ce qui va bien dans ta vie.