Tel qu’expliqué au chapitre treize, le jîva s’est enlisé dans la matière dû à son contact avec les trois gunas. Dans ce quatorzième chapitre, Krishna explique en quoi ceux-ci consistent, comment ils opèrent et nous enchaînent, et comment se libérer de leur influence.
Au début du chapitre, Krishna déclare à Arjuna qu’Il lui dévoilera à nouveau « cette sagesse suprême, le plus haut des savoirs », dont la compréhension permet d’atteindre à « la nature spirituelle et absolue » et de se défaire des morts et renaissances répétées (1-2). Krishna explique d’abord que tous les êtres naissent en ce monde lorsqu’Il les injecte dans la nature matérielle. Aussi est-Il « le père qui donne la semence » de toutes les espèces de vie au sein de l’Univers matériel (3-4). La nature matérielle est formée des trois gunas: Vertu (sattva), Passion (rajas) et Ignorance (tamas). Ces trois modes d’influence conditionnent l’être vivant qui prend naissance en ce monde de matière (5). Krishna définit et explique les caractéristiques et symptômes des trois modes, et comment ils conditionnent et enchaînent le jîva, en plus de décrire les différents sorts qui, selon la nature de son conditionnement, le guettent après sa mort (6-18). On peut transcender l’influence des gunas et atteindre Krishna en saisissant comment ils opèrent et en voyant que Krishna les transcende (19). En transcendant les gunas, on peut s’affranchir des affres de la naissance, de la vieillesse et de la mort et « jouir d’ambroisie en cette vie même » (20). Arjuna pose ensuite trois questions au Seigneur : « À quels signes se reconnaît l’être qui a dépassé les trois gunas ? Comment se comporte-t-il ? Et par quelles voies transcende-t-il ces gunas ? » (21). Krishna répond aux deux premières questions aux versets 22-25. En voici l’essence : ayant réalisé sa véritable identité spirituelle au-delà de la matière, la personne qui a transcendé les trois gunas n’est pas affectée et ne se soucie guère des actions et réactions propres à l’Univers matériel. Libre de toute dualité matérielle, dont le plaisir et la souffrance, l’éloge et le blâme, elle renonce à toute entreprise intéressée. En réponse à la troisième question, Krishna dit que c’est grâce à la pratique du bhakti-yoga qu’on transcende les gunas et atteint le niveau du Brahman, niveau spirituel préliminaire qui se caractérise par l’absence de toute souillure matérielle (26). Au dernier verset du chapitre, Krishna dit être le fondement – ou la source – du Brahman (27). En accédant à ce niveau, on se qualifie pour servir avec dévotion le Brahman Suprême, Parabrahman (Krishna).