Au troisième chapitre, Krishna expliquait que le savoir nous libère de la nécessité d’accomplir quelque devoir prescrit. Et au quatrième chapitre, Il informait Arjuna que toute forme de sacrifice culmine dans le savoir. À la fin de ce même chapitre, Krishna conseillait néanmoins à Arjuna de combattre. Arjuna, perplexe devant l’importance qu’Il accorde aux œuvres dévotionnelles et à l’inaction empreinte de savoir, prie Krishna de lui dire clairement quelle voie s’avère la meilleure (1). Il est confus, croyant que l’action et le renoncement sont incompatibles. Pour dissiper sa confusion, Krishna explique, dans ce cinquième chapitre, que l’acte dévotieux tout empreint de savoir n’entraîne aucune réaction matérielle et ne diffère donc pas du renoncement à l’action. Mais plus haute est l’action dévotieuse (2).
Krishna décrit ensuite les traits de qui agit avec un tel détachement, Lui sacrifiant les fruits de l’acte (3-17). Purifié par le savoir absolu, un tel dévot réalise son identité spirituelle. Étant au-delà du corps, du mental et des sens, il ne s’identifie guère à leurs œuvres. Se livrant à l’action, mais abandonnant ses fruits au Suprême, le péché ne l’affecte pas, de même que l’eau ne mouille pas les feuilles du lotus. (10) Ainsi trouve-t-il la paix. L’être qui agit avec un tel détachement s’établit dans la transcendance, ou brahma-nirvâna. Un tel pandit, un tel sage baigne dans le parfait savoir du soi et du Suprême. Voyant tous les êtres d’un œil égal, il prend conscience de leur nature spirituelle au-delà du corps matériel. Agissant pour leur bien ultime, il se détache de la dualité des joies et peines. N’étant pas attiré par la jouissance matérielle, il goûte au bonheur intérieur, s’absorbant dans la pensée de l’Être Suprême (18-28).
Pour conclure, Krishna déclare que celui qui Le connaît comme le but ultime de tous les sacrifices et de toutes les austérités, le souverain de tous les mondes et le meilleur ami de tous – celui ou celle-là trouve la cessation des souffrances matérielles. (29)