Les six premiers chapitres de la Gîtâ ont établi la différence entre l’âme (être vivant) et la matière. L’être (jîva) fut décrit comme une âme spirituelle, apte à s’élever de l’identification à la matière (ahankâra) à la réalisation spirituelle, grâce à diverses formes de yoga (sânkhya, karma, jñâna et astânga). Ceux-ci forment une évolution graduelle qui culmine (à la fin du chapitre six) dans le bhakti-yoga (le service de dévotion). Les chapitre sept à douze, qui composent la partie centrale de la Gîtâ, traitent surtout de Krishna Lui-même (Purusottama, « la Divine Personne Suprême ») et de la relation éternelle entre les jîvas et Lui, fondée sur le bhakti-yoga.
Le septième chapitre traite de la connaissance de Krishna, la façon d’acquérir ce savoir et le résultat final d’une telle acquisition. Les trois premiers versets servent de prélude où Krishna dit en essence : « La dévotion apporte la pleine connaissance de Ma Personne. Dans sa totalité, Je te révélerai la connaissance du matériel et du spirituel, bien qu’il soit rare de Me connaître en vérité. » Krishna commence par définir Ses deux principales énergies : l’énergie « inférieure » (la matière ou aparâ prakriti), formée de huit éléments, et Son énergie « supérieure » (l’énergie spirituelle ou parâ prakriti), composée des jîvas maintenant empêtrés dans la matière (4-5). Il est « l’origine et la dissolution » des deux énergies, la Vérité Suprême (6-7). Krishna décrit ensuite comment Il Se manifeste dans tout phénomène : Il est « la saveur de l’eau, la lumière du soleil et de la lune... l’intelligence de l’intelligent »... (8-12) Il existe quatre ordres de vertueux qui s’abandonnent à Lui et quatre sortes d’athées qui n’en font rien (15-18). Les sages, sachant qu’Il est tout ainsi que la cause suprême, s’en remettent à Lui (19). Les sots (matérialistes), par contre, se vouent aux dévas en vue de bienfaits immédiats, mais limités et éphémères (20-23). Sans intelligence aussi sont ceux qui considèrent la forme personnelle de Krishna comme étant matérielle, forme qui – voilée par yoga-mâyâ, Sa puissance personnelle – ne leur est jamais visible (24-26). Dans les quatre derniers versets, Krishna conclut que les êtres vertueux et intelligents, aspirant à l’affranchissement des chaînes de la matière, cherchent refuge en Lui par le service de dévotion, sachant qu’Il est le Seigneur Suprême. Ces personnes, dit Krishna, « peuvent, le mental fixe, même à l’instant de mourir, Me saisir et Me connaître. » (27-30)