Ce huitième chapitre de la Gîtâ traite presque exclusivement de l’instant de la mort – l’heure où le jîva quitte son corps matériel. Au début du chapitre, Arjuna pose sept questions à Krishna : « Qu’est-ce que le Brahman ? Qu’est-ce que le soi, l’âtmâ ? Qu’est-ce que le karma ? Que faut-il entendre par la manifestation matérielle, et que sont les dévas ? O mon Seigneur, ô Personne Suprême, dis-le moi, je T’en prie. Où, et comment, vit-Il dans le corps, le maître du sacrifice, ô Madhusûdan ? Et comment, au moment de la mort, celui qui Te sert avec amour Te connaîtra-t-il ? » (1-2) Krishna répond brièvement (3-4), car Il a déja abordé ces thèmes de façon détaillée. Sa réponse à la dernière question, toutefois, s’étend jusqu’à la fin du chapitre.
Krishna informe Arjuna que quiconque, à l’instant même de quitter le corps, se souvient de Lui, atteint Sa demeure (5). La qualité de notre conscience au trépas détermine notre prochaine destination (6). Le contenu de nos pensées et souvenirs à l’heure de la mort étant influencés, à leur tour, par nos actes et notre conscience en cette vie, Krishna conseille à Arjuna de toujours penser à Lui, même alors qu’il accomplit ses devoirs d’état (7-8). Cette méditation constante donne d’atteindre Krishna après avoir quitté le corps. Au verset neuf, Krishna dévoile comment pratiquer cette méditation. Les quatre versets suivants (10-13) décrivent la voie difficile de l’astânga-yoga en vue d’une promotion aux planètes spirituelles. Krishna conclut alors que la dévotion indéfectible (bhakti-yoga) permet de L’atteindre sans peine (14). Quand il atteint le royaume spirituel, le bhakti-yogi ne revient jamais plus en ce monde, où règne la souffrance (15-16). Au-delà de l’Univers matériel, soumis à un cycle de création et de destruction perpétuel, se trouve le monde spirituel – séjour éternel et suprême de Krishna –; pour qui l’atteint, point de retour (17-21). C’est par la dévotion pure, Krishna le répète, qu’on atteint cette destination suprême (22). Le Seigneur décrit ensuite les moments propices et non propices pour le yogi qui quitte ce monde, selon qu’il aspire aux planètes célestes ou à la libération. Le bhakti-yogi demeure cependant indifférent à de telles considérations (23-27). En conclusion, Krishna déclare que Son dévot, le bhakti-yogi, n’est en rien privé des fruits d’autres voies d’évolution spirituelle. À l’instant de la mort, il – ou elle – rejoint Krishna en Son royaume absolu (28).