1.Le Corsaire "Le Grand Coureur" Est un navire de malheur, Quand il se met en croisière Pour aller chasser l’Anglais, Le vent, la mer et la guerre Tournent contre le Français.
Refrain Allons les gars, gai, gai ! Allons les gars, gaiement ! Allons les gars, gai, gai ! Allons les gars gaiemnt !
2.Il est parti de Lorient Avec belle mer et bon vent, Il cinglait bâbord amure, Naviguant comme un poisson ; Un grain tombe sur sa mature : Voilà le corsaire en ponton
3.Il nous fallut remâter Et diablement bourlinguer ; Tandis que l’ouvrage avance On signale sur tribord Un navire d’apparence A mantelets de sabord.
4.C’était un Anglais vraiment A double rangée de dents, Un marchand de mort subite, mais le Français n’a pas peur : Au lieu de prendre la fuite, Nous le rangeons à l’honneur.
5.Ses boulets pleuvent sur nous, Nous lui rendons coup pour coup ; Tandis que la barbe en fume A nos braves matelots, Dans un gros bouchon de brume Nous échappons aussitôt.
6.Pour nous refaire des combats, Nous avions à nos repas Des gourganes et du lard rance, Du vinaigre au lieu du vin, Le biscuit pourri d’avance Et du camphre le matin.
7.Nos prises au bout de six mois ont pu se monter à trois : Un navire plein de patates Plus qu’à moitié chaviré, Un autre plein de savates, un troisième de fumier.
8.Pour finir ce triste sort, Nous venons périr au port Dans cette affreuse misère. Quand chacun s’est cru perdu, Chacun, selon sa manière, S’est sauvé comme il a pu.
9.Le capitaine et son second Se sont sauvés sur un canon, Le maître sur la grande ancre, Le commis sur son bidon. Oh ! Le triste vilain cancre, Le voleur de ration !
10.Il eût fallu voir le coq Avec sa cuiller et son croc ; Il s’est mis dans sa chaudière Comme un vilain pot-au-feu. Il a couru vent arrière, Atterrit au feu de Dieu !
11.De notre horrible malheur, Le calfat seul est l’auteur : En tombant de la grand-hune Dessus le gaillard d’avant, A rebondi dans la pompe Et défoncé le bâtiment.
12.Si l’histoire du "Grand Coureur" A su toucher votre coeur, Ayez donc de belles manières Et payez-nous largement Du vin, du rack, de la bière Et nous serons tous contents !