Un jour, je fus dans la confidence. Mon ouïe était paraît-il, à la bouche d’un vieil homme, un sage. Des lèvres comme un rivage, une berge où coulent la gnôle et de vaseux torrents d’imprudence. Les vainqueurs arrosent, dit-il, de leur liqueur d’eau de vies dont le possesseur, infernal ravisseur, nous laisse les os à vif, les cheveux en bataille. Puis c’est la trêve hibièrnale. Pour des valses boiteuses et misérables où les dames tombent, surprises, en mauvaises cavalières bien mal montées. Dans un rythme d’artillerie sourde, le bruit étouffe. On danse à des heures troublées où tout s’emmêle. Pour de l’alcool plein les caveaux, on en bourre les fourreaux de sourires bien dégueulasses. D'un sourire tellement dégueulasse. Pour de l’alcool plein les caveaux, des corps entamés au tord-boyaux. C’est la trêve hibièrnale, le deuil aux soûlards et le silence. L’herbe repousse sur les bières tombales. Le deuil aux soûlards et ce silence. Y’a qu’à s’en battre, se foutre sur la gueule, tant qu'il y a du vin. Y’a qu’à s’en battre, se foutre sur la gueule et le silence tant qu’il y a du vin. Y’a plus qu’à se crasser les doigts et se mettre à terre. Y’a plus qu’à se casser les doigts et se mettre à terre et se mettre à terme. Et ce silence, où les hommes se tuent et s’en mettent plein la trogne, jusqu’au rouge, ce putain de rouge.