Elle jouait du piano tous les soirs à sept heures Des valses de Chopin, des marches militaires Des airs qui avaient fait un jour battre son coeur Son répertoire datait d'la première guerre
On ne la voyait jamais, excepté le matin Quand elle sortait chercher son journal et du pain Elle habitait l'appartement au-dessus du mien Mais elle ne saluait jamais ses voisins
L'hiver c'était comme un fantôme dans la maison Mais quand revenait le temps de la belle saison Elle ouvrait sa fenêtre comme on ouvre son coeur Pour jouer du piano le soir à sept heures
Mais un beau soir d'été, où il faisait si chaud Elle s'est arrêtée au milieu d'un tango Elle n'avait pas été victime d'une saute d'humeur Elle était morte d'un arrêt du coeur
Et comme elle n'avait pas laissé de testament Un jour on a vendu ses affaires aux enchères Je ne sais pas pourquoi moi qui n'en jouait guère J'ai acheté pour moi le vieil instrument
J'en joue déjà pas mal, je sais déjà par coeur Au moins vingt-cinq chansons de Lennon-McCartney Et quand je serai vieille seule et abandonnée Je me les jouerai tous les soirs à sept heures