Ce sacré piano placé dans un coin Voudrait libérer la voix qui déborde Mais reste accrochée au long de ses cordes Et son vieux clavier qu’aucun doigt n’aborde Espère des mains
Ce sacré piano qui semble endormi Pour l’éternité entre quatre planches Aimerait que ses touches noires et blanches Fussent caressées mais nul ne se penche Sur son corps vieilli
Moi de temps en temps quand j’ai de la peine Je vais doucement consoler la sienne Et tous deux rêvant de nos joies anciennes Nous pleurons les jours anciens
Ce sacré piano me colle à la peau Mais plus mes doigts courent moins je me délivre De ce vieil amour qui perd l’équilibre Et compte les jours qui lui restent à vivre Sans repos
Ce sacré piano est mon seul ami Il sait m’étourdir sans trop de manières Et m’aide à franchir toutes les barrières Grâce aux souvenirs placés sur la terre Jalonnant la vie
Ce sacré piano attend nuit et jour Debout dans un coin que je le caresse Comme un pauvre chien tirant sur sa laisse Pour aller vers un maître qui le laisse Pour d’autres amours
Et lorsque je mets les doigts sur ses touches Sur lui dès que j’ai les mains qui se couchent Le passé renaît du fond de sa bouche Évoquant nos anciens jours
Ce sacré piano quand il parle trop Me remet souvent des choses en mémoire Et remue le temps et fait des histoires Parfois tant et tant que je me sépare De mon vieux piano