S'il vous plaît, rendez-moi mes yeux d'enfant. Je voudrais revoir le monde comme avant.
Je voudrais retrouver mes yeux d'enfant, ceux qui subliment chaque seconde, à chaque vue sur le monde mon cœur s'emballant ; nul pli sur mon front. Ceux qui se trompent sur la violence des gens. Ces yeux qui n'ont qu'à regarder loin devant. Je lâcherais vingt ans pour les ramener maintenant. Ouais, je braverais instant après instant pour garder chèrement leur éclat étincelant. Ces yeux dont je parle n'ont pas honte de leurs larmes, prêts à se battre, ils sont le pont vers mon âme. Retrouver ces yeux vides de danger, ignorants des pensées d'un homme avide de manger. Ces yeux qui collent au plafond quand le soir tombe et portent mes nuits vers le fin fond de l'Univers, les mêmes qui s'élèvent du Grand Atlas vers les mers de Glace, depuis leur siège à l'arrière de leur classe, qui flippent devant les vitrines au bas de la rue et visent par la ruse les figurines d'Actarus. Ces yeux qui ne voient d'un sourire qu'un sourire, sans chercher le coup de vie qu'il pourrait nourrir. Je voudrais les retrouver, retourner, si je pouvais, sur les genoux de ma grand-mère, l'amour s'y trouvait. Tel est mon souhait. Moi, raide défoncé ? Non, je rêve, entremêle clair et foncé.
Refrain S'il vous plaît, rendez-moi mes yeux d'enfant Je voudrais revoir le monde comme avant Retrouver ce qu'on perd en grandissant Alors, s'il vous plaît, rendez-moi mes yeux d'enfant.
Je voudrais retrouver mes yeux d'enfant, ces yeux qui n'avaient qu'à être des yeux d'enfant, leur feu embrassant chaque cœur dans le champ, d'un clin d'œil imprégnant de bonheur l'ensemble. Je voudrais remonter très haut dans le temps, et revoir l'usine en ruine où on fumait en bande. Mon vélo, pince à linge, carton sur la jante : je faisais le beau, moins le malin à fond dans la pente. Dérapage à la Starsky, Pacamn sur Atari, j'avais dix ans et demi, et ça comptait les demis. Retrouver mes yeux ronds comme Zéro quand Natacha m'embrassa comme son héros. L'époque du préau où ça poussait des cris, quand ça jouait des pouces pour faire tomber les billes. Ces yeux qui hurlaient dans le silence des contrôles, les réponses circulaient dans les bâtons de colle. Le soleil sur la ville, le tonnerre et la pluie : ces yeux que transporte la tombée de la nuit. Et ainsi, à la suite, s'inscrit à la ligne tout ce qu'une vie a de magique et qui, petit à petit, file. Je voudrais les retrouver juste une heure et sourire, ces yeux qu'on oublie, qui ne veulent que s'ouvrir. Je voudrais les retrouver juste une heure et...