C'est l'appel de la cité qui m'a un jour envoûté Et qui m'a fait m'éloigner de la campagne où je suis né Pour travailler à la ville, ma famille j'ai dû quitter C'est comme ma nature tranquille qui ne tient plus que du passé
Un mariage contre-nature, entre la chair et l'acier Parqué entre tout ces murs qui me retiennent prisonnier Je ne sais pas c'que je fous là, c'est aussi triste que dommage Car comme se font rares les emplois, je vis d'assurance-chômage
Mais on s'habitue à la ville, je crois même qu'elle sécurise C'est d'une façon subtile qu'elle exerce son emprise On s'habitue aux boulevards qu'on fréquente le soir tard Aux salles de jeux et aux bars, animés de toutes parts
Dans cette atmosphère enfumée, où je m'efforce d'exister S'échangent des regards sirupeux, prescrits par des commerces douteux Et flotte encore sous les néons l'odeur âcre de la déception Les plaisirs interdits auront toujours un goût de perdition
Sur les terrains vagues comme dans les ruelles humides Partout où je divague je me heurte au vide De la marque urbaine de cette cité maudite Métropole inhumaine où tout se passe trop vite
Mais je l'aime malgré tout d'un sourire complice Cette ville de fous dont je suis un peu le fils Car on est jamais aussi aveugle qu'on peut l'être quand tout s'écroule Et on est jamais aussi seul qu'on peut l'être dans une foule