Mon nom est Mathilde Rossignol et je n'ai plus d'âge. Je suis née le 17 Octobre 1877 à Strasbourg. Ma mère est morte le lendemain de ma naissance. Mon père, humble charpentier de la rue Gateau m'éleva donc seul mais avec beaucoup d'amour. Je n'ai jamais manqué de quoi que ce soit et on peut dire que j'ai eu une enfance hereuse. J'éteis habile en marqueterie et passionnée par le tables de chevet. Mon pére m'avait reservé une petite place dans son atelier. Mais arriva le tragique soir des mes vingt ans. J'avais reçu la permission de sortir en ville avec ma fidéle amie Clémence Danton. Nous avions soigné notre toilette. Pomponnée, maquillée, parfumée, j'étais ravissante je crois. Nous marchions en ville côté à côté. C'était un soir de fête, avec beaucoup d'agitation. Il y a des beaux garçon, je lance des petits regards, je veux des frissons et danser jusqu'à tard. Je perds Clémence de vue, un jeune homme me prend par la main et m'entraîne dans le bal. Tout me parait normal. Il s'appelle Gustave, il me fait danser, je ris si fort, si fort, si fort. Je veux pas m'arrêter. Où Clémence a bien pu disparaître ? Je m'en fiche, j'espère toutefois qu'elle s'amuse et profite autant que moi. Ce Gustave a l'air très gentil mais une chose lui fait du tort. Il a la même haleine que mamie, à vous réveiller les morts. Gustave me fait des sourires, je vois ses gencives nues. Il pue, il pue, il pue, toutes ses dents ont disparu. C'est une chose très étrange que je n'avais pas remarquée, personne ne semble avoir de dents. C'est presque inquiétant, certains danseurs sont aveugles et leurs yeux révulsés. Je commence à me sentir mal. Tout paraissait normal. Gustave le fantôme. Il me fait danser. J'ai peur, si peur, si peur, si peur. Je voudrais bien m'arrêter. Mon nom est Clémence Danton, j'étais la meilleure amie de Mathilde Rossignol, jusqu'à ce qu'elle nous quitte le 17 Octobre 1897, morte d'épuisement. On retrouva son corps au milieu du bal, piétiné par des danseurs trop joyeux. Je m'en veux un peu pour cette histoire, c'est en partie ma faute. J'ai rècemment reçu une lettre de sa part, j'amerais vous la lire, c'est tout ce qu'il me reste d'elle. « Chère Clémence, je n'ai pas beaucoup de temps alors je vais tâcher d' être bréve. J'ai appris ma mort il y a peu, triste affaire. De mon côté, je ne sais pas depuis combien de temps cette fête dure, mais elle n'est pas prête de prendre fin. Tout le monde est très excité. J'ai rencontré un charmant fantôme prénommé Gustave. Il est assez bon danseur. Malgré son problème d'haleine récurrent, j'aime beaucoup l'embrasser. Le fait qu'il n'aie pas des dents rend la chose agréable et très sensuelle. Je voudrais tant t'avoir à mes côtés. Je pense bien fort à toi. Je dois retourner danser. Embrasse papa. Mathilde Rossignol. Post Scriptum : Les morts sont gentils ».