Depuis qu'ils vous ont mis dedans On n'a pas vu le temps passer Vingt ans déjà, mon fils aîné Et ma fille, dix-huit printemps De ces années qu'avons-nous fait ? Que pouvons-nous bien vous en dire ? Nous avons vu des murs tomber Nous en avons laissé construire
Depuis qu'ils vous ont enfermés Nous n'avons pas gagné grand chose Pour l'avenir des justes causes Qui toujours nous ont rassemblés Nous étions si sûrs de la voir À l'horizon comme un soleil La Révolution, notre espoir Que rien ne serait plus pareil
Depuis qu'ils vous gardent reclus Ils ont voulu qu'on vous oublie Qu'on vous isole ou qu'on vous tue Par le silence ou la folie Et ceux qui hurlent avec les loups Vous ont condamnés à leur tour Et leur lame sur votre cou C'est la mort lente au fil des jours
Depuis qu'on vous a mis au ban De ce qui fait aimer la vie Jusqu'à vous enterrer vivants Pour mieux jouir de votre agonie Certains vous clouent au pilori Les belles âmes, les repentis Qui jadis criaient haut et fort "Le pouvoir est au bout du fusil"
Régis, Joëlle et Nathalie Jean-Marc et Georges, d'autres aussi Humiliés, battus ou malades Vous avez tenu, camarades Depuis vingt ans ces lourdes chaînes N'auront pas eu raison de vous Et bientôt au bout de vos peines Toujours rebelles, toujours debout Vous sortirez de leurs mouroirs C'est votre droit et notre espoir