D'un bout à l'autre de la semaine, Sur les boulevards, dans les faubourgs, On les voit traîner par centaines, Leurs guêtres sales et leurs amours Dans des chemises de dix jours. Sous la lumière des réverbères, Prenant des airs de Pompadour, Ce sont nos belles ferronnières, Ce sont nos poupées, nos guignols, nos pantins. Écoutez dans la nuit, Elles chantent ce refrain :
"C'est nous les mômes, les mômes de la cloche, Clochards qui s'en vont sans un rond en poche. C'est nous les paumées, les purées d'paumées Qui sommes aimées un soir n'importe où. Nous avons pourtant Cœur pas exigeant Mais personne n'en veut. Eh ben tant pis pour eux. Qu'è'qu'ça fout, On s'en fout ! Nul ne s'y accroche. Il n'y a pas d'amour Et l'on sera toujours Les mômes de la cloche !
Mais comme elles n'ont pas les toilettes Qu'il faut pour les quartiers rupins, C'est pas aux Galeries Lafayette Qu'elles vont faire chaque soir leur turbin. Le long du canal Saint-Martin, Au Sébasto, à la chapelle, On est toujours assez gandin Pour le monsieur qui vous appelle. D'l'article populaire, c'est pas du beau joujou. 'y a pas d'poupées en soie Aux bazars à trente sous. C'est nous les mômes, les mômes de la cloche, Clochards qui s'en vont sans un rond en poche. C'est nous les paumées, les purées d'paumées Qui sommes aimées un soir n'importe o