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Erik Satie - Socrate | Текст песни

SOCRATE
Drame Symphonique en 3 Parties avec Voix
Sur des dialogues de Platon traduits par Victor Cousin
ERIK SATIE

I: Portrait de Socrate (Le Banquet) [From Symposium, 32-33-35]

ALCIBIADE:
Or, mes chers amis, afin de louer Socrate, j’aurai besoin de comparaisons: lui croira peut-être que je veux plaisanter; mais rien n’est plus sérieux. Je dis d’abord qu’il ressemble tout-à-fait à ces Silènes qu’on voit exposés dans les ateliers des sculpteurs et que les artistes représentent avec une flûte ou des pipeaux à la main, et dans l’intérieur desquels, quand on les ouvre, en séparant les deux pièces dont ils se composent, on trouve renfermées des statues de divinités. Je prétends ensuite qu’il ressemble au satyre Marsyas. Et n’es-tu pas aussi joueur de flûte? Oui, sans doute, et bien plus étonnant que Marsyas. Celui-ci charmait les hommes par les belles choses que sa bouche tirait de ses instruments, et autant en fait aujourd’hui quiconque répète ses airs; en effet, ceux que jouait Olympos, je les attribue à Marsyas son maître. La seule différence, Socrate, qu’il y ait ici entre Marsyas et toi, c’est que sans instruments, avec de simples discours, tu fais la même chose. Pour moi mes amis n’était la crainte de vous paraître totalement ivre, je vous attesterais avec serment l’effet extraordinaire que ses discours m’ont fait et me font encore. En l’écoutant, je sens palpiter mon cœur plus fortement que si j’étais agité de la manie dansante des corybantes, ses paroles font couler mes larmes et j’en vois un grand nombre d’autres ressentir les mêmes émotions. Tels sont les prestiges qu’exerce, et sur moi et sur bien d’autres, la flûte de ce satyre.

SOCRATE:
Tu viens de faire mon éloge, c’est maintenant à moi de faire celui de mon voisin de droite.

II: Bords de L’Ilissus (Phèdre) [From Phaedrus, 4-5]

SOCRATE:
Détournons-nous un peu du chemin, et, s’il te plaît, descendons le long des bords de l’Ilissus. Là nous troverons une place solitaire pour nous asseoir où tu voudras.

PHÈDRE:
Je m’applaudis en vérité d’être sorti aujourd’hui sans chaussure, car pour toi c’est ton usage. Qui donc empêche de descendre dans le courant même, et de nous baigner les pieds tout en marchant? Ce serait un vrai plaisir, surtout dans cette saison et à cette heure du jour.

SOCRATE:
Je le veux bien; avance donc et cherche en même temps un lieu pour nous asseoir.

PHÈDRE:
Vois-tu ce platane élevé?

SOCRATE:
Eh bien?

PHÈDRE:
Là nous trouverons de l’ombre, un air frais, et du gazon qui nous servira de siège, ou même de lit si nous voulons.

SOCRATE:
Va je te suis.

PHÈDRE:
Dis-moi, Socrate, n’est ce pas ici quelque part sur les bords de l’Ilissus que Borée enleva, dit on, la jeune Orithye?

SOCRATE:
On le dit.

PHÈDRE:
Mais ne serait ce pas dans cet endroit même? Car l’eau y est si belle, si claire et si limpide, que des jeunes filles ne pouvaient trouver un lieu plus propice à leurs jeux.

SOCRATE:
Ce n’est pourtant pas ici, mais deux ou trois stades plus bas, là où l on passe le fleuve. On y voit même un autel consacré à Borée.

PHÈDRE:
Je ne me le remets pas bien. Mais dis-moi, de grâce, crois tu donc à cette aventure fabuleuse?

SOCRATE:
Mais si j’en doutais, comme les savans, je ne serais pas fort embarrassé; je pourrais subtiliser, et dire que le vent du nord la fit tomber d’une des roches voisines, quand elle jouait avec Pharmacée, et que ce genre de mort donna lieu de croire qu’elle avait été ravie par Borée; ou bien je pourrais dire qu’elle tomba du rocher de l’Aréopage, car c’est là que plusieurs transportent la scène... ...Mais à propos, n’est-ce point là cet
arbre où tu nous conduis?

PHÈDRE:
C’est lui même.

SOCRATE:
Par Junon, le charmant lieu de repos! Comme ce platane est large et élevé! Et cet agnus-castus, avec ses rameaux élancés et son bel ombrage, ne dirait on pas qu’il est tout en fleur pour embaumer l’air? Quoi de plus gracieux, je te prie, que cette source qui coule sous ce platane, et dont nos pieds attestent la fraîcheur? Ce lieu pourrait bien être consacré à quelque nymphe et au fleuve Achéloüs, à en juger par ces figures et ces statues. Goûte un peu l’air qu on y respire: est-il rien de plus suave et de si délicieux? Le chant des cigales a quelque chose d’animé et qui sent l’été. J’aime surtout cette herbe touffue qui nous permet de nous étendre et de reposer mollement notre tète sur ce terrain légèrement incliné. Mon cher Phèdre, tu ne pouvais
mieux me conduire.

III: Mort de Socrate (Phédon) [From Phaedo, 3-23-25-28-65-67]

PHÉDON:
Depuis la condamnation de Socrate nous ne manquions pas un seul jour d’aller le voir. Comme la place publique, où le jugement avait été rendu, était tout près de la prison, nous nous y rassemblions le matin, et là nous attendions, en nous entretenant ensemble, que la prison fût ouverte, et elle ne l’était jamais de bonne heure... ...Le geôlier, qui nous introduisait ordinairement, vint au-devant de nous, et nous dit d’attendre, et de ne pas entrer avant qu’il nous appelât lui-même. Quelques moments après, il revint et nous ouvrit. En entrant, nous trouvâmes Socrate qu’on venait de dé-livrer de ses fers, et Xantippe, tu la connais, auprès de lui, et tenant un de ses enfants entre ses bras... Alors Socrate, se mettant sur son séant, plia la jambe qu’on venait de dégager, la frotta avec sa main, et nous dit... L’étrange chose mes amis, que ce que les hommes appellent plaisir, et comme il a de merveilleux rapports avec la douleur que l’on prétend contraire!... N’est-ce pas dans la jouissance et la souffrance que le corps subjugue et enchaîne l’âme?... A grande peine persuaderais-je aux autres hommes que je ne prends point pour un malheur l’état où je me trouve, puisque je ne saurais vous le persuader à vous-mêmes... Vous me croyez donc, à ce qu’il paraît, bien inférieur aux cygnes, pour ce qui regarde le pressentiment et la divination. Les cygnes, quand ils sentent qu’ils vont mourir, chantent encore mieux ce jour-là qu’ils n’ont jamais fait, dans la joie d’aller trouver le dieu qu’ils servent... ...Bien que j’aie plusieurs fois admiré Socrate, je ne le fis jamais autant qu’en cette circonstance.... J’étais assis à sa droite, à côté du lit, sur un petit siège; et lui, il était assis plus haut que moi. Me passant la main sur la tète, et prenant mes cheveux, qui tombaient sur mes épaules:... Demain, dit-il, ô Phédon! tu feras couper ces beaux cheveux; n’est-ce pas?...
...Il se leva et passa dans une chambre voisine, pour y prendre le bain; Criton l’y suivit, et Socrate nous pria de l’attendre... En rentrant, il s’assit sur son lit, et n’eut pas le temps de nous dire grand’chose;... Car le serviteur des Onze entra presque en même temps, et s’approchant de lui: Socrate, dit-il, j’espère que je n’aurai pas à te faire le même reproche qu’aux autres: dès que je viens les avertir, par l’ordre des magistrats, qu’il faut boire le poison, ils s’emportent contre moi et me maudissent; mais pour toi, depuis que tu es ici, je t’ai toujours trouvé le plus courageux, le plus doux et le meilleur de ceux qui sont jamais venus dans cette prison; et en ce moment je sais bien que je suis assuré que tu n’es pas fâché contre moi, mais contre ceux qui sont la cause de ton malheur, et que tu connais bien. Maintenant, tu sais ce que je viens t’annoncer; adieu, tâche de supporter avec résignation ce qui est inévitable. Et en même temps il se détourna en fondant en larmes, et se retira. Socrate, le regardant, lui dit: et toi aussi, reçois mes adieux; je ferai ce que tu dis. Et se tournant vers nous: voyez, nous dit-il, quelle honnêteté dans cet homme: tout le temps que j’ai été ici, il m’est venu voir souvent, et s’est entretenu avec moi: c’était le meilleur des hommes; et maintenant comme il me pleure de bon coeur!
Mais allons, Criton; obéissons-lui de bonne grâce, et qu’on m’apporte le poison, s’il est broyé; sinon, qu’il le broie lui-même... Criton fit signe à l’esclave qui se tenait auprès. L’esclave sortit, et, après être sorti quelque temps, il revint avec celui qui devait donner le poison, qu’il portait tout broyé dans une coupe. Aussitôt que Socrate le vit : fort bien, mon ami, lui dit-il; mais que faut-il que je fasse? Car c’est à toi à me l’apprendre. Pas autre chose, lui dit cet homme, que de te promener quand tu auras bu, jusqu’à ce que tu sentes tes jambes appesanties, et alors de te coucher sur ton lit; le poison agira de lui-même. Et en même temps il lui tendit la coupe... Socrate porta la coupe à ses lèvres, et la but avec une tranquillité et une douceur merveilleuse. Jusque-là nous avions eu presque tous assez de force pour retenir nos larmes;

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