Des regards, des murmures se bousculent en silence Et dansent sur le bas-côté. Étalés sur les murs, ces visages de souffrance semblent crier Avant de s’effacer. Des vieillards apeurés, parchemins délavés par trop d’indifférence. Et alors que devant tes souliers, Des chemins par milliers s’étirent et se prélassent. Est-ce la peur ? Est-ce une menace ? Tu préfères les ignorer pour suivre les traces.
Tu peux forcer l’allure et changer de costume tant que tu veux. Exhiber sans retenue tes slogans et gesticuler. C’est la candeur et l’ivresse qui te parfument le long du sentier, Si souvent emprunté, par des gens empruntés. Tout comme toi, ils rêvaient des grands espaces, De tout laisser derrière Et n’avoir que le champs des possibles en face de soi. Les croisements défilent et passent Et toi tu persistes à suivre les traces.
Et c’est ainsi que les années passent, Et c’est pour ça que les années folles se succèdent, Entraînant ta carcasse sur le sol. Te voilà spectateur de ton acharnement. Il est trop tard maintenant pour faire demi-tour. Entends-tu enfin ces voix au bord de la route ? Elles étaient la question, elles étaient le doute. Aussi loin de la surface, tu t’es perdu à suivre les traces.
Assieds-toi, c’est terminé. Rejoins-nous sur le bas-côté. Il restera toujours une place, au banc des prévenus Pour observer les gens qui passent. Un peu comme une ombre qui les pourchasse, C’est à toi de leur dire de ne jamais suivre les traces.