O la douceur du bagne impossible et lointain! O le ciel de la Belle, ô la mer et les palmes, Les matins transparents, les soirs fous, les nuits calmes, O les cheveux tondus et les Peaux-de-Satin!
Rêvons ensemble, Amour, à quelque dur amant Grand comme l’Univers mais le corps taché d’ombres Qui nous bouclera nus dans ces auberges sombres, Entre ses cuisses d’or, sur son ventre fumant,
Un mac éblouissant taillé dans un archange Bandant sur les bouquets d’œillets et de jasmins Que porteront tremblants tes lumineuses mains Sur son auguste flanc que ton baiser dérange.
Tristesse dans ma bouche! Amertune gonflant Gonflant mon pauuvre cœur! Mes amours parfumées Adieu vont s’en aller! Adieu couilles aimées! O sur ma voix coupée adieu chibre insolent!
Gamin ne chantez pas, posez votre air d’apache! Soyez la jeune fille au pur cou radieux, Ou si tu n’as de peur l’enfant mystérieux Mort en moi bien avant que me tranche la hache.
Enfant d’honneur si beau couronné de lilas! Penche-toi sur mon lit, laisse ma queue qui monte Frapper ta joue dorée. Écoute il te raconte, Ton amant l’assassin sa geste en mille éclats.
Il chante qu’il avait ton corps et ton visage, Ton cœur que n’ouvriront jamais les éperons D’un cavalier massif. Avoir tes genoux ronds! Ton cou frais, ta main douce, ô môme avoir ton âge!
Voler voler ton ciel éclaboussé de sang Et faire un seul chef d’œuvre avec les morts cueillies Ça et là dans les prés, les haies, morts éblouies De préparer sa mort, son ciel adolescent…
Les matins solennels, le rhum, la cigarette… Les ombres du tabac, du bagne et des marins Visitent ma cellule où me roule et m’étreint Le spectre d’un tueur à la lourde braguette.