Port de Marseille Juillet 1974 Chère famille, C’est sous un ciel immaculé de plein gré ou par accident Tel des miraculés qu’on embarquait pour l’occident Acculés dans nos rêves à plus de 45 degrés La mer s’agitait au milieu du trajet Et quand la raison cogitait elle saccageait nos oraisons A milles lieues du danger de la haine ou de la rancœur Les sourires s’échangeaient comme du baume au cœur Dans ce bunker entre fou rires et peur de mourir Devançant la torpeur avec des nœuds à parcourir Bref l’espérance était notre fief Avançant dans l’errance l’Eternel était notre chef Un lien maternel en pensant à votre image Sempiternel la ressassant bien tel un hommage Le soleil se lève il révèle les contours D’un pays qui s’élève avec nos rêves aux alentours
Vitry-le-François Novembre 1974 Chère famille, L’orage et la rage gronde derrière ma transparence Des barrières se fondent du langage a l’apparence Cloîtré dans ce foyer ou l’air et l’éther se confondent Ou les prolétaires se morfondent outré d’être dévoyé Le regret m’alimente agrémenté de bruits divers Et de thé à la menthe c’était l’été les nuits d’hiver Ici l’ennui et les soucis forment mon univers L’eldorado se déforme tout est pervers C’est l’envers du rideau un nouvel enfer sous les cieux La méduse et son radeau se renouvèlent sous mes yeux Naufrage identitaire et mes lignes en sont le reflet Le courage m’a gonflé mais la guigne se réitère J’enterre mes promesses mes bonheurs mes souhaits En solitaire la ou l’ivresse et mon honneur se sont échoués Loin de vos visages et de la poussière des sentiers J’ai ce présage ma terre nourricière est en chantier Une trentaine d’années plus tard… Chère famille, Les typhons se dissimulent trahis par des éclaircies Et ce pays je remercie loin de ceux qui font des émules Des envies s’ouvrent et des plaisirs ressuscitent Ma vie je redécouvre mon désir ma réussite Abreuvé de compassion et de simplicité Je rêvé de passion d’humour de complicité Et l’amour m’a foudroyé j’ai décelé ma reine Lorsque je me croyais esseulé dans cette arène Les semaines se suivent je me dépense me dévoue Me démène quoi qu’il arrive je pense à vous La valeur du travail et de la bravoure m’ont aiguillé Pour qu’on savoure nos retrouvailles dans la chaleur de juillet Toujours déterminé quoi qu’il puisse advenir J’ai forgé mon édifice la jalousie rend glacial A ce jour j’ai deux fils Faouzi et Fayçal lMon père est un héros Et ce morceau lui est dédié Entre biographie et fiction Entre le réel et mes convictions Plus d’une trentaine d’année de combat quotidien De 1974 à 2006 écoute bien Mon père est un héros