C'est donc toi que je j'entends, Toi que je croyais morte, ô mon ancienne et douce voix! Je reconnais, Dans le vent gris Qui te rapporte, Les accents émus d'autrefois.
L'heure mélancolique Où l'âme s'inquiète T'a réveillée au fond du cœur, Toi qui fut si longtemps Endormie et muette, Même aux sombres Jours de douleur...
Je me souviens. C'était au premier mois d'automne Que ton chant pur me visitait, Et voici qu'aujourd'hui, Dans le brouillard, résonne Cette voix chère qui montait...
Cette voix qui n'a pas changé, Triste et pareille à moi qui pleure sans savoir, Et qui m'exalte aussi Pour la fine merveille d'une étoile d'or dans le soir.
Oui, je suis demeuré, Malgré le temps, semblable, Car je te comprends comme hier Puisque tu me reviens Et que je suis capable d'interpréter ton verbe clair.
Vive l'automne pâle et lent Qui te ramène Au fond de mon cœur d'autrefois! Je me sens l'esprit calme Et l'âme surhumaine, Quand tu t'élèves, ô ma voix!...