C'est arrivé au milieu des plaines Ils ont tiré sans discontinuer Lui, il a pris un éclat dès les premières salves Il est retombé dans la tranchée Oui madame, je sais qu'on a du vous prévenir Le courrier de l'état major a dû vous prévenir Moi madame, j'étais comme son frère à ce martyr. Alors il fallait bien que je vous écrive J'aurais tellement voulu qu'il survive Il m'avait dit qu'il vous aimait très fort Que ça serait vous de la vie à la mort Que vous étiez belle, qu'il vous aimerait toujours Que c'était une grande histoire d'amour En cet hiver de 1915 Peut-être la guerre va s'arrêter Il serait retourné, alors, dans votre village Pour fêter l'arrêt de ce drame carnassier Mais il n'en sera rien, il n'est plus avec nous Vous ne mettrez pas de bébé sur ses genoux
Il avait pourtant l'air si doux Mme, Mme surtout ne pleurez pas Il vous regarde depuis l'haut de là Il m'a dit qu'il vous aimait très fort Que ça serait vous de la vie à la mort Que vous étiez belle, qu'il vous aimerait toujours Que c'était une grande histoire d'amour Vous avez sans doute, maintenant, reçu ma missive Depuis, les combats ont redoublé Je ne sais ce que vous en dit la presse De toutes façons les dés sont jetés Pour ma part, ça y'est, je ne suis plus Le coup de baïonnette que j'ai reçu M'a fait rejoindre votre aimé dans les nues J'espère que des guerres, il n'y en aura plus Il est donc inutile de répondre à mon message On vous regarde depuis les nuages Madame Il est donc inutile de répondre à mon message On vous regarde depuis les nuages