Champs-Élysées, politique La loi Evin* réglementait jusqu'à présent très strictement depuis 1991 la publicité pour l'alcool en France. Les députés* viennent de la casser. Désormais, Bernard Poirette, la publicité pour les boissons alcoolisées redevient beaucoup plus facile. Oui, et tous ceux qui se battent contre ce fléau national qu'est l'alcool sont consternés, à commencer par le ministre des Transports pour qui « l'amendement adopté à l'Assemblée nationale est un très mauvais coup porté contre la sécurité routière ». L'alcool tue chaque année quarante-cinq mille personnes en France, plus que le tabac. Il est en cause dans trente pour cent des accidents de la route. Or, depuis cinq ans, le nombre des victimes du carnage routier a été divisé par deux, grâce aux radars, bien sûr, mais aussi grâce à la chasse impitoyable à l'alcool. Et les Français applaudissent. Selon un récent sondage, cinquante-six pour cent d'entre eux voudraient voir instaurer un taux légal d'alcoolémie* zéro au volant, contre 0,5 actuellement. Pourtant, par cent deux voix contre douze, les députés de la République sont allés contre. Dorénavant, la référence « aux caractéristiques qualitatives du produit » sera autorisée dans la publicité pour l'alcool. En clair, le reflet d'une pin up en robe rouge dans un ballon de bordeaux ou les mérites de « ce chablis au merveilleux goût de chèvrefeuille » passeront sans heurts le barrage du Bureau de Vérification de la Publicité.
C'était impossible depuis treize ans. Les professionnels du marketing et les lobbyistes viticoles jurent leurs grands dieux qu'il ne s'agit pas d'inciter à boire plus, mais à boire mieux. La rengaine habituelle, à laquelle Claude Evin lui-même réplique ceci : Moi je crois qu'il ne faut pas être hypocrite. On sait très bien qu'en termes de santé publique, la consommation, y compris de vin, à raison de plus de deux à trois verres par jour, est nocive en termes de santé. Donc, il faut le dire. Et on peut pas préconiser que les consommateurs consomment plus de vin demain. Alors là, il faut faire un choix entre l'intérêt des gens, l'intérêt de la santé et l'intérêt, qui n'est pas négligeable sans doute, mais l'intérêt d'une activité agricole. Et de toute évidence donc, le gouvernement a choisi de soutenir l'alcool contre la santé publique.* Le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, s'est opposé très mollement à la casse de la loi Evin. Il faut dire qu'il était sous la pression de dizaines de députés de son propre camp, élus de régions viticoles et représentant des cohortes d'électeurs qui vivent de près ou de loin de la vigne et qui se lamentent depuis des années. La consommation d'alcool en France a baissé de moitié en vingt ans. La crise à l'exportation est profonde ; la concurrence de nouveaux terroirs lointains est violente. En conclusion : le secteur est sinistré. Démanteler la loi Evin permettra-t-il de le sauver ? Nous verrons bien. Toujours est-il que, politiquement, l'affaire est exemplaire de lâcheté et de renoncements. Voici deux mois à peine, Monsieur Douste-Blazy voulait que soient indiqués sur les bouteilles d'alcool les risques pour la femme enceinte. Dans la foulée, il affirmait qu'il se battrait frontalement contre ceux qui veulent toucher à la loi Evin. Le gouvernement pour sa part maintient contre toute logique son objectif de baisse de la consommation d'alcool de vingt pour cent sur les quatre prochain