J’adore la langueur de ta lèvre charnelle Où persiste le pli des baisers d’autrefois. Ta démarche ensorcelle, Et la perversité calme de ta prunelle A pris au ciel du nord ses bleus traîtres et froids.
Tes cheveux, répandus ainsi qu’une fumée, Clairement vaporeux, presque immatériels, Semblent, ô Bien-Aimée, Recéler les rayons d’une lune embaumée, D’une lune d’hiver dans le cristal des ciels.
Le soir voluptueux a des moiteurs d’alcôve ; Les astres sont comme des regards sensuels Dans l’éther d’un gris mauve, Et je vois s’allonger, inquiétant et fauve, Le lumineux reflet de tes ongles cruels.
Sous ta robe, qui glisse en un frôlement d’aile, Je devine ton corps, ― les lys ardents des seins, L’or blême de l’aisselle, Les flancs doux et fleuris, les jambes d’Immortelle, Le velouté du ventre et la rondeur des reins.
La terre s’alanguit, énervée, et la brise, Chaude encor des lits lointains, vient assouplir La mer enfin soumise… Voici la nuit d’amour depuis longtemps promise… dans l’ombre je te vois divinement pâlir.