La pluie sur Montparnasse Ou j'irai tout a l'heure Mouille les voyageurs Devant les trains qui passent Dans ma liberte ivre Des images s'avortent Un train me les apporte Et la pluie me les livre Tantot de velours gris Et tantot d'emeri Pour caresser mes yeux Ou m'ecorcher les seins Pour caresser mes yeux Ou m'ecorcher les seins Sans femme et sans mari Quand je marche dans l'eau Qui tourbillonne aux plis Des pierres des caniveaux Du brouillard de la nuit Surgissent des images Du passe enfui Vers de louches rivages Que je tisse au hasard Pour y glisser les spectres Jaillis des nenuphars De mes rivieres suspectes Jaillis des nenuphars De mes rivieres suspectes Toute joie est absente Quand je repeins ma vie C'est la tristesse lente Qui se leve et m'emplit Et je l'aime comme On aimerait son enfant En le bercant longtemps Dans le chant des chansons Pour que ses larmes cessent Et s'endorme tranquille Dans les bras des promesses Que l'avenir profile Dans les bourgeons des branches Et les ovaires des hanches Le long des quais mouilles De la gare Montparnasse Dans les reflets brouilles Que la bruine ressasse J'imagine des voix Qui naguere se turent C'est ta bouche parfois Qui me touche et murmure Comme un frou-frou lointain Le battement d'une aile L'amour dans un parfum Et tes mots qui m'appellent L'amour dans un parfum Et tes mots qui m'appellent