Qu’attends-tu, mon frère, fleuri de vieillesse, Tout alourdi des chimères du monde ? Tes rires sont épuisés, et tes sourires, Ont une teinte décisive de noyade. Qu’attends-tu, dans la chute des espoirs ? Toi qui des soleils voulait connaitre les brûlures, Des anges peser le fardeau, Des larmes entendre les moindres fracas. Toi qui croyait pouvoir extirper de la terre Les filons d’or qui strient les robes du ciel. Toi qui croyait que ton cœur, par les naufrages, Pourrait se jeter du haut des lunes Jusque dans les aubes grandissantes, Échappant à tous les vertiges. Qu’attends-tu… Le temps de ne plus y croire ?
Alors, tombe, ton amour est sans fin, Vers les étoiles qui te semblent les plus belles. Toi, qui n’a plus peur du vide, maintenant, Qui a embrassé les douleurs et les déluges, Tu sais qu’il n’y aura jamais assez d’ombres Même dans les réservoirs d’abîmes.
Toi, qui regarde ton âme s’enflammer, De l’étincelle d’une tendresse infinie Qui rattache chaque battement de cœur Comme des arcs de lumières, Qui fait, dans les mots parsemés d’abandon, Naître des univers immenses…