Puis que ma dolour agrée A la de bonne heure née, Qui par droit est apelée Des dames la flour, Certes, noble destinée M'avint l'eure et la journée, Qu'en mon cuer fu engendrée Si douce dolour.
Si ne plein pas mon labour, Car ce me samble douçour Fine et esmerée, Quant son gracieus atour Et sa biauté, que j'aour Par douce pensée, Et sa face coulourée, De toute biauté parée, De douçour enluminée, Remir en destour, Sa bonté pure, affinée, Sa maniere asseürée Et ce qu'elle est coronnée De toute valour. Puis que.
Si sens meint plaisant estour, Quant sa biauté que j'aour Ainsi remirée Est en mon cuer par savour, Dont en moy parfaite amour Est enracinée. S'en yert servie, loée. Creinte, celée, honnourée Et parfaitement amée De moy sans folour, En esperant qu'arousée Soit de la douce rousée De merci la desirée M'amoureuse ardour. Puis que ma dolour agrée. Mais Desirs, qui nuit et jour M'assaut, l'a par sa vigour Si fort embrasée Que tainte en est ma coulour, Ét ma joie en est menour, Quant tant a durée. Mais tant est bien doctrinée, Douce, humble, simple, senée, Plaisant, loyal et secrée Ma dame d'onnour Qu'en li veoir iert doublée Ma joie et m'ardeur finée Et ce fois guerredonnée Toute ma tristour. Puis que ma dolour agrée A la de bonne heure née, Qui par droit est apelée Des dames la flour, Certes, noble destinée M'avint l'eure et la journée, Qu'en mon cuer fu engendrée Si douce dolour.