Pendant trois jours, du 19 au 21 septembre, la Sierra Leone va imposer un confinement à toute sa population. Il s'agit d'enrayer l'épidémie d’Ebola et de faciliter le dépistage des personnes infectées, puis leur prise en charge. On l’a appris en particulier sur RFI. (Lire l'article)
Alors, c’est une mesure spectaculaire, difficile à appliquer, et dont l’efficacité n’est pas vraiment assurée : peut-être justement que ces trois jours ne seront pas suffisants pour enrayer les risques de contagion. Mais enfin, on parle de confinement, et le mot est ici utilisé dans son sens le plus fréquent et le plus concret.
On parle de confiner un malade quand on lui interdit de quitter une pièce, sa chambre. Cela peut avoir plusieurs raisons, la première étant qu’il serait dangereux qu’il sorte trop vite : il n’en a pas la force, il ne guérira pas, ou moins vite. Mais les raisons tiennent parfois à la sauvegarde des autres. Et dans ce cas, le confinement concerne plus un certain nombre de gens, une collectivité. Si on immobilise une population pendant le temps de la contagion possible, en effet, ça peut stopper cette contagion. C’est donc une mesure de salubrité publique. Et le mot s’est entendu dans des cadres bien différents. A propos de la grippe aviaire par exemple, on a organisé des confinements de volatiles, c'est-à-dire de volailles.
Ce mot confinement et le verbe confiner, ils sont vieux tous les deux. Ils ont eu des emplois assez divers en français. Confiner, d’abord ça veut dire enfermer. Finis, en latin, veut dire une limite, la frontière. Être confiné c’est donc être maintenu à l’intérieur de limites précises. La plupart du temps, il s’agit de ceux qui sont ainsi enfermés. Mais l’usage peut glisser : on parle ainsi d’air confiné. Et là on repense à la situation de maladie ; une chambre qui n’est jamais ouverte, jamais aérée ; un air confiné, c’est un air contagieux, un air vicié.
Et le mot s’emploie aussi à propos de ceux qui, par choix restent enfermés. Le mot, dans ce cas-là est un peu l’équivalent de reclus : on ne sort pas.
Avec un sentiment un peu spécial lié à l’usage de ce mot être confiné / se confiner : sans qu’il y ait de soupçon de maladie, on imagine que ne pas sortir a quelque chose de malsain. Il est confiné, c'est-à-dire qu’il marine, qu’il macère, qu’il baigne dans son jus. Voilà des expressions tout à fait familières qui évoquent cette situation de ressassement. Ce qui se répète, ce qui manque d’air, d’idées neuves, d’ouverture : ça correspond à ce qu’on appelle aussi la fermentation en vase clos.