Heureux le marin qui nage Dans les eaux de son courage Heureux le capitaine Dont la gloire est certaine Et qui meure un beau matin Frappé au pied de son mât De son mât, de son mât.
Heureux les bateaux fantômes Dans les eaux du rêve des blondes Heureux les drapeaux pirates Rubans noirs sur peau d’albâtre Flottant dans les mers nouvelles Où les phares se promènent Les grands soirs, les grands soirs
Heureuses les multitudes Dans leurs longues solitudes Heureuses aussi les éponges Dans les fonds où nul ne plonge Sans voir bientôt sa cervelle S’échapper de ses oreilles Dans le noir, dans le noir
Heureux tous ces funambules Qui, sur leur fil, déambulent Heureuses aussi les épouses Dans les fonds où rien ne bouge Où les couleurs sont fidèles Et les passions éternelles Sans savoir, sans savoir
Que ce monde est un vertige Accroché sur une tige Que dans les mers blondes et sombres Des espaces de tous les mondes Un dieu vieux, sourd et débile De ses dix mains malhabiles Jongle pour des imbéciles (x2)