Récital en public à Bobino (1969) - A Saint-Germain-Des-Prés
J’habite à Saint-Germain-des-Prés Et chaque soir j’ai rendez-vous Avec Verlaine Ce vieux pierrot n’a pas changé Et pour courir le guilledou Près de la Seine Souvent l’on est flanqué D’Apollinaire Qui s’en vient musarder Chez nos misères C’est bête, on voulait s’amuser Mais c’est raté On était trop fauchés
Regardez-les tous ces voyous Tous ces poètes de deux sous Et leur teint blême Regardez-les tous ces fauchés Qui font semblant de ne jamais Finir la semaine Ils sont riches à crever D’ailleurs ils crèvent Tous ces rimeurs fauchés Font bien des rêves quand même Ils parlent le latin Et n’ont plus faim A Saint-Germain-des-Prés
Si vous passez rue de l’Abbaye Rue Saint-Benoît, rue Visconti Près de la Seine Regardez le monsieur qui sourit C’est Jean Racine ou Valéry Peut-être Verlaine
Alors vous comprendrez, Gens de passage, Pourquoi ces grands fauchés Font du tapage C’est bête Il fallait y penser Saluons-les A Saint-Germain-des-Prés