[Couplet 1: Ekoué] Tu veux savoir vraiment à quoi je ressemble ? Au commun des banlieusards Je connais ces murs par cœur, man, qui ont broyé notre enfance Un peu de fierté, tout de même, sur des figures de salauds Chasse le naturel et il revient au galop Trop de galères, cousin, pour rien de glorieux Si ce n’est la une des sous-sol, des quelques fanzines sérieux Des quelques tribunes au vitriol Ne me demande pas de choisir entre la poudre et le plomb Je suis ce feu qui se déclare dans un champ de coton
[Couplet 2: Hamé] A ma fenêtre, le givre d’un jour d’hiver trop gris A ouvert un de mes livres au chapitre des incendies Comme à l’accoutumée, comme un besoin trop mal sevré J’y recherche des balles, quelques flèches létales Et un peu de baume au cœur pour la cuirasse d’un franc-tireur Un arsenal artisanal qui choisit ses mots comme on commet un homicide Et parfume ses phrases de quelques gouttes d’acide Notre époque, encore, est celle des arbres morts A quelques pas à peine des plus belles fontaines Et si tu n’es pas né où il fallait, il va falloir Comme dirait le vieillard, apprendre à voir clair dans le noir
[Refrain] Des coulisses aux planches, des jours sombres aux nuits de revanche, quelques rumeurs larvées comme des braises qui menacent de s’enflammer après l’extinction d’un incendie
[Couplet 3: Mourad] Quand j’arpente ces couloirs, que l’angoisse me prend à la gorge Des millions de bactéries aux lèvres, faut que ça sorte ! A la porte des coulisses de cette pièce bondée Les joyeux drilles gesticulent avec le sourire carnassier Alors que leurs conspirations s’ébruitent par des trous de serrures A la lueur d’une chandelle de sang striée de noir Leurs sombres réunions se dévoilent une forfaiture On y trouve des lames fines et tout un tas d’accessoires
[Couplet 4: Philippe] Sur un son qui te surine, pendant que tes potes t’urinent dessus Quand t’es accroc, quand l’insuline te suffit plus Pendant que tu vérifies si t’as piqué la bonne veine Mon son s’affirme avec la haine dans ses gênes Et ça monte doucement d’un cran, avant que tu partes les pieds devant Attend que les petits deviennent grands Et tout ce boucan, quand les chacals sont de sortie Arrête ton char si t’as le choix après les ronces et les orties Depuis qu’ils ont sauté les planques Combien de camés en manque prêts à te caner ? Quand les ventes d’armes augmentent et qu’ils veulent que nos cadavres pourrissent, y’a nos affaires qui tournent en coulisses