Nous d'une autre trempée et d'une singulière extase Nous de l'Épique et de la Déraison Nous des fausses années Nous des filles barrées Nous de l'autre côté de la terre et des phrases Nous des marges Nous des routes Nous des bordels intelligents
O ma soeur la Violence nous sommes tes enfants Les pavés se retournent et poussent en dedans
J'ai l'impression démocratique qui me fait des rougeurs A l'extrême côté du coeur et des entrailles J'entends par là mes tripes à la mode de Mai
JE VOUS COMMANDE D'ÊTRE BREFS ET COUILLOSIFS
J'ai le sentiment bref de ceux qui vont mourir Et je ne meurs jamais à moins que à moins que Je sais des assassins qui n'ont pas de victime Qui s'en vont faire la queue pour voir le sang d'écran Et cette pellicule objective qui pellicule sur le vif
Surtout ne pleure pas Les larmes c'est le vin des couillons
Moi je ne pleure plus Et je le dis bien haut bien tendre aussi et bien à l'aise; Crevez-leur le paquet qu'ils portent sur leurs quilles! Marx était un \"hippie\" C'est pas comme en dix-sept, à la consigne, Dans cette Russie rouge à la lénifaction
... Et personne jamais n'a été réclamer ce barbu stalingradé... Quand je vois un stalinien je change à Stalingrad Je sais des assassins qui ont le cran d'arrêt Et qui sont beaux comme les cons qui vont voter Des assassins assassinés et leurs manières A ne jamais vouloir crever comme crevèrent les Communards Mes frères
Et je le dis bien haut: il faut DÉCONSTITUTIONALISER le foutre Et porter l'inconfort cousu dessous leur peau A ces bourgeois qui se permettent de jouir, en outre!
JE VOUS COMMANDE D'ÊTRE BREFS ET CARTÉSIENS
Je sais des charmes bruns qui sont de sang caillé Et qui se grattent comme on gratte une blessure Ça vous ravive un peu de rouge, ça a l'allure D'une légion d'honneur que l'on pardonnerait.
Ô ma soeur la Violence Ô ma soeur lassitude Ô vous jeunes et beaux empêtrés dans vos livres II faut faire l'amour comme on va à l'étude Et puis descendre dans la rue II faut faire l'amour comme on commet un crime
Ô ma soeur la Violence tes enfants s'analysent Et du Guatemala s'en viennent des parfums De sang et des Guatémaltèques allant s'analysant Dans les ruisseaux de sang coulant comme la crème La crème de la Révolution montant
Ô ma soeur la Violence Ô la fleur du boucan II fait un bruit à rancarder tous les voyeurs Et un bruit qui se voit ça vous a des couleurs A vous barrer la vue pour des temps et des temps Je sais des bises s'ennordant depuis l'Afrique Le monde est court, la gosse, il faut tâter la trique Dans le pieu, dans la rue, mais tâter de cet ordre De cet ordre nouveau où germe le désordre Le beau désordre des voyous au ventre lisse Viens par ici la gosse un peu, que je t'en glisse... De ma graine d'amour... Qui gonflera dans toi comme un chagrin de carne Sur le monde envahi de tant de muselières Dans le Paris des chiens je vais l'âme légère Ô ma soeur la Violence Ô ma soeur lassitude Ô vous jeunes et beaux empêtrés dans vos charmes II faut faire l'amour comme on va à l'étude Les yeux vers les jardins où fleurissent les armes
Des armes, comme une esthétique de la solitude Des armes, comme une sinistre compo d'angliche WHAT DO YOU MEAN, GUN?
Je sens que nous arrivent Des trains pleins de brownings, de berretas et de fleurs noires