J'aime ce bleu profond et vivant de l'aube qui apparaît, ce bleu des mille et unes nuits où les étoiles ont fait leur nid, invitant parfois dame Lune à un concert de lumière pour les rêveurs de la Terre. Je vais par les chemins, au-delà des monts et des vallées. Parfois le soir je m'endors dans la forêt. Et lorsque je me réveille dans le petit matin brumeux, me reviennent alors les songes portés par le ventre de la terre. Je ne connais de plus doux sortilège que d'être enchanté par les fées, de plus beau souffle de vie que la poésie, ces chemins de contes et de légendes fleuries... Voici venir l'histoire d'un enfant grandissant. Il allait avoir sept ans lorsqu'un jour, émergeant du monde tendre dans lequel ses parents le berçaient, il découvrit une terrible réalité du monde des hommes : la guerre. L'enfant en avait entendu parler, mais il croyait que cela était du domaine du passé. Il pensait qu'à ce jour le monde allait paisiblement, fort de ses expériences. A sa grande surprise, il n'en était rien. Il fut d'abord angoissé, puis il se mit à rêver. A rêver d'impossible. L'enfant demanda alors à ses parents la permission de partir en voyage, seul. Son père tout comme sa mère, le trouvant bien trop jeune, refusèrent. Mais devant la force et la tranquillité qui émanaient de son être, ils finirent par accepter. L'enfant promit de ne pas les oublier. Et il s'en était allé... Au bout de longs jours de marche, il arriva enfin à la frontières des deux pays en guerre. Personne. Tout semblait en suspens. Pas un souffle de vent. Plus de soleil. Ya-t-til encore de l'air ? Le monde existe-t-il encore ? Où est la musique du temps ? L'enfant retint son souffle de peur de tout briser, écouta venir peut-être le pire... Mais il voulait croire aux couleurs, au souffle mystérieux de la vie. Lorsque tout à coup, de part et d'autre, sont arrivés des hommes. Des hommes à la démarche résolue. Ils semblaient en colère. Menaçants, ils se sont approchés de l'enfant, prêts à lui ordonner de décamper. Mais aucun son ne sortit de leurs bouches. Leurs regards ont plongé dans les yeux de l'enfant. Des yeux bleus comme un océan. Et ils y ont vu tout un monde vaste et infini, qui aurait pu contenir l'amour, l'amitié, la fraternité pour le monde entier. Derrière ses cils bruns qui semblaient protéger tant d'innocence et de simplicité, ce regard d'enfant qui, au fond de leurs coeurs, resta à jamais gravé... La beauté de l'âme peut être perçante, ce qui explique l'élan et l'amour qui naît... Peu à peu, l'enfant perdit ses couleurs, devint diaphane puis lumineux, et d'un coup disparut. A cet instant précis, sous les pieds des hommes encore sous le charme, sortit une verte prairie parsemée d'une multitude de fleurs vives et joyeuses. Depuis ce jour, les hommes ont arrêté de se battre, remplis d'une étincelle d'amour qu'ils avaient reçu. Longtemps, les parents ont attendu leur enfant, mais en vain. Longtemps, les parents ont désespéré, pleuré, mais un jour, s'ouvrant à nouveau au monde, ils ont entendu la vie. Elle était là, elle les attendait, elle leur offrait le bonheur, elle leur offrait le sourire. Et ils ont alors ouvert leur coeur, et la vie leur a offert la paix. Ange, n'oublie pas ton premier regard sur le monde, et garde dans ton coeur l'étincelle de lumière et de vérité pour qu'au moment venu, tout naturellement, tu puisses la partager avec qui tu aimeras. Sois tranquille et confiant, tout ici peut aussi être lumière. A toi de voir, d'aimer, chante