Ça faisait deux petits mois d'amour, Qu'on se connaissait. Pas un seul accroc dans le parcours, C'était parfait. On a fini par se faire l'amour, On a choisi notre moment. On était mûrs, on était sûrs, De nos moindre petits sentiments. J'étais sceptique, j'étais peureuse. T'as mis deux mois, À remettre ma confiance boiteuse, En bon état. J'avais baissé mon bouclier. Cessé de nous prédire une guerre. J'étais en train d'emménager, Lorsque j'ai vu, les souliers verts!
Des souliers verts à talons hauts, Dans le garde-robe. Une paire de souliers verts, Aussi suspects qu'ignobles. Je les ai regardés droit dans les semelles, Quand ils m'ont sauté dans la face. Et ça puait la maudite femelle, Qui a dû les porter rien qu'en masse. Et ce fut un interminable face-à-face. C'était entre moi et la vieille paire de godasses. Et j'ai vu ma vie défiler, Devant mes yeux déconcertés. Et j'ai senti la sueur couler, Le long de ma tempe.
Ça faisait deux petits mois d'amour, Qu'on se connaissait. Fallait voir ça la belle petite cour, Que tu me faisais. J'avais cessé de me protéger, Depuis le cœur jusqu'à la chair. Je me sentais en sécurité, Jusqu'à ce que je voie, les souliers verts!
Des souliers verts à talons hauts, Sur la tablette. Une paire de souliers verts de femme, Ou de tapette. Je les ai regardés droit dans les semelles. Dieux merci, c'était pas ta pointure. Je suis allée me mettre des gants vaisselle, Pour m'emparer de ces petites ordures. Quand je suis arrivée dans la chambre, En te les montrant, T'étais comme un caméléon, Sur le lit blanc. Je t'ai demandé à qui c'était. Je peux pas croire que t'as bredouillé, Exactement ce que je craignais. Que t'en avais aucune idée. Que t'étais le premier surpris. Que t'avais jamais vu ça avant, Au grand jamais, jamais de la vie. Non, sincèrement!
Bien oui, ça pousse des souliers verts, C'est comme une sorte de champignon. Une sorte de quenouille ou de fougère, Ça devait être humide dans ta maison. C'est parfaitement compréhensible, Que ça apparaisse des souliers verts. Je pense même qu'y en a des comestibles, Mais eux, ils poussent dans le frigidaire. C'est sûr que j'ai pas à m'inquiéter, Des petites chaussures de rien du tout. Le petit modèle de fin de soirée, pour dames à quatre pattes ou à genoux. Qui sait si c'est pas le Saint-Esprit, Qui est venu t'octroyer des souliers. C'est comme les brassières en dessous du lit, Qui poussent chez d'autres miraculés. Bien sûr!
Ça faisait deux petits mois d'amour, Qu'on se connaissait. J'allais quand même pas laisser ça, Nous séparer. Mais si tu veux bien mon amour, Je vais me permettre un commentaire, Pour toutes les jeunes filles au cœur lourd, Qui ont rencontré des souliers verts. Allez chercher vos gants de vaisselle, Puis jetez-moi ça à la poubelle. Vous saurez pas le fond de l'histoire, Puis c'est peut-être mieux de ne pas le savoir. Fermez vos yeux petites brebis, Vous irez droit au paradis. Le ciel est rempli de petits anges, Qui ont jeté des souliers aux vidanges. Et puis je vous parie qu'en enfer, Dans la basse-cour du vieux Satan, Y a pleins de poules en souliers verts, Et y a plein de maris innocents, Qui ne les ont jamais vues avant. Non, sincèrement!