Ils lèveront les yeux, en extase maîtresse, Pour cueillir à l’instant que les autres dissèquent La réponse de Mort tant pleurée aux obsèques, Que la douleur ultime s’acquitte de détresse ! Martyrs, enfants de Dieu, béats jusqu’au silence Torturés sous le fer et le bois de la haine Qu’un salut vous attende, que l’attente soit vaine, Qui sait d’où vos yeux pâles puisent l’éclat de la transe ? Que voyez-vous alors ? Le vide Salvateur ? Après les hurlements de vos chairs fatiguées Que trop de sang baignât vos membres amputés ? Mourir avant l’Extase est mourir avant l’heure ! « Assise et détachée…me lever et l’abattre ? Mais son poing sur mon corps s’écrase et me condamne. A trop courber l’échine : tout mon être se fane Assise, et attachée. Mon sort est voué au cloître. » Ils attendant et jubilent, et la voient se vider De la substance alors qui la maintient debout. Une fougue, un instinct, s’effondrant sous le joug Des avides de vie dans l’autre Eternité. Les coups pleuvent sans fin sur l’animal dressé : Elle aimerait vomir, se fondre dans l’acide Que sa gorge nouée racle en cherchant le vide. Mais rien n’a plus de nom, et rien n’est plus, jamais. Derrière soi fierté, et lutte pour survivre Le corps n’est que support aux miasmes qui s’entassent La tête est vide, et là, tandis que le temps passe Elle crache l’honneur qui a osé la suivre. A genoux, dépecée, faible et lasse, elle est prête ! Qu’on frémisse et qu’on jouisse des visions des morts ! Que l’animal sali s’offre enfin à son sort ! Martyr, levant les yeux, murmure et puis s’arrête… « A l’instant, je m’éteins et je vois ce qu’ils veulent Alors l’Autre m’étreint et réclame Vision ! La vérité la fait tomber en pâmoison : La vérité, je l’ai, et elle est à nous seules. » Martyrs, enfants de Dieu, béats jusqu’au silence Torturés sous le fer et le bois et la haine Qu’un salut vous attende, que l’attente soit vaine, Qui sait d’où vos yeux pâles puisent l’éclat de transe ? Mourir avant l’Extase est mourir avant l’heure ! Mourir avant l’Extase est mourir avant l’heure !