Pour revenir des mers à boire Avec la soif entre les dents Il faut passer par des ruelles Par monts et vaux et par venelles Frôler les branches du sang noir.
C'etait dans les cambouis des routes Sous les camions de la chaleur Avec leur corps croulant des muscles Leur baluchons remplis d'odeurs Ils revenaient des mers à boire Saint Cristophe à plat sur la panse Une abeille au pied des lilas Le monde est grand quand on y pense Les rues à lune sont nos soeurs.
La mer, c'est le ciel des voiliers Ils n'eurent pas le coeur de boire Mais au retour pour se venger Ils dérobèrent un ciboire Et lapèrent aux bénitiers.
Ceci pour dire que les routes Ont le destin des peaux d'ancêtres Striées de rides parallèles Où les pleurs aiment á dormir.