Nous étions trois jolis garçons Tous les trois du même canton Moi et Cadet, Cadet d’Orly Avec Elmir’ de Bois Baudry On sortait de l’apprentissage Moi charpentier, l’aut’ tonnelier Plus Elmir’ qu’était sabotier.
Le jour du Tirage à Rebais On était plus blanc qu’des navets Que maudit soit c’sacré tirage Et son foutu numérotage En arborant nos numéros. Y’en avait qu’un d’bon dans le lot Et c’est moi qui l’eus en partage
J’avais donc rencontré la Chance En tirant le bon numéro Et j’gueulais « Vive l’indépendance» Sur la route qui mène à Meaux Pour m’en aller à la Cayenne Prendre ma canne et mon trousseau Un anneau d’or à mes oreilles
J’étais devoirant d’ la racroche La fleur de St-Cyr-sur-Morin Avec deux thunes dans ma poche Et ma bell’ cann’ d’un mètre vingt Aux abords de Troy’s en Champagne J’fis la connaissance d’un Gavot Qui se prenait pour Charlemagne.
J’lui foutis ma cann’ sur l’museau J’savais pas c’que j’avais gagné Dans la bonn’ ville de Toulon J’fus pris par deux brassés-carrés Qui me conduisirent au violon Et l’on m’engagea pour la Chine Dans les artilleurs de marine.
Mon Tour de Franc’ s’arrête là ; C’est devenu mon Tour du monde Mais comme on dit qu’la terre est ronde C’est un tour qui n’en finit pas. C’est l’destin qu’est la caus’de tout Sans ça, j’s’rais cor’ dans l’paysage En train d’chanter sur un faîtage.
Il m’rest’ dans l’cœur une chanson Cell’que j’viens de vous faire entendre Elle n’a p’t’être pas bonne façon Mais c’est tout de même un’ chanson tendre Quand j’tenais Margot par la main Tout le long du Petit-Morin Su’ l’pont d’Archet, près du moulin