Ils ont sonné à ma porte Je suis sorti de mon lit Ils sont entrés dans ma chambre Ils m'ont dit de m'habiller Le soleil par la fenêtre Ruisselait sur le plancher Ils m'ont dit mets tes chaussures On chantait sur le palier J'ai descendu l'escalier Entre leurs deux uniformes Adossé à une borne Un clochard se réveillait Ils me donneront la fièvre La lumière dans les yeux Ils me casseront les jambes A coups de souliers ferrés Mais je ne dirai rien Car je n'ai rien à dire Je crois à ce que j'aime Et vous le savez bien Ils m'ont emmené là-bas Dans la grande salle rouge Ils m'ont jeté dans le coin Comme un meuble, comme un chien Ils m'ont demandé mon âge J'ai répondu vingt-sept ans Ils ont écrit des mensonges Sur des régistres pesants Ils voulaient que je répète Tout ce que j'avais chanté Il y avait une mouche Sur la manche du greffier Qui vous a donné le droit De juger votre prochain Votre robe de drap noir Ou vos fugures de deuil Je ne vous dirai rien Car je n'ai rien à dire Je crois à ce que j'aime Et vous le savez bien Ils m'ont remis dans la cage Ils reviennent tous les jours Ils veulent que je leur parle Je me moque des discours Je me moque des menaces Je me moque de vos coups Le soleil vient à sept heures M'éveiller dans mon cachot Un jour avant le soleil Quelqu'un viendra me chercher On coupera ma chemise On me liera les poignets Si vous voulez que je vive Mettez-moi en liberté Si vous voulez que je meure A quoi bon me torturer ? Car je ne dirai rien Je n'ai rien à vous dire Je crois à ce que j'aime Et vous le savez bien