Ça y est, ils l'ont lancé Le géant d'acier, Son ombre a envahi la rade. Les gens au bout du quai, Les pantalons mouillés, Se sont encore mangés la vague.
Le champagne est lâché, Le vaisseau baptisé, Il est plus haut qu'une montagne. La marraine en beauté, Lance à un ouvrier, Un joli sourire qui charme.
Le coeur est satisfait, Les yeux émerveillés, Chaque lancement est un rêve. Aux tables des cafés, On oublie le chantier, Aujourd'hui c'est la trêve.
Les chaînes, après l'effort, S'entassent sur le port, Les grues sont figées, se reposent. Chacun va de son bord Admirer le décor, On voit presque la vie en rose.
Les rues s'endorment enfin, Je m'en vais, c'est certain, Rêver de la jolie marraine. Et tant pis si demain, Dans le froid du matin, Re-sonnera la sirène.