Chambre d’Émile. Émile jeune est à sa table de travail. Émile vieux est près de lui. Émilie entre et commence à tourner autour d’Émile jeune.
Émile jeune: Maman... maman rôde au salon... Dans le salon, maman rôde.
Émile vieux: Ne rôdez pas ainsi. Ne l’espionnez pas. Laissez-le. Il travaille. Il s’est approché de sa table, près de la fenêtre. Il a regardé dehors. Le soleil se meurt au centre de la croisée. Il a ouvert son encrier. Il a fouillé dans ses papiers. Il a trouvé un poème inachevé qu’il relit. Il repousse la feuille. Il est préoccupé. Il sait que quelque chose se prépare. Regardez, Émilie, regardez, un poème va naître.
Émile jeune: Ah! L'état qui m’habite chaque fois que je prends la plume...
Émile vieux: Ah! L'exaltation...
Émile jeune: La certitude...
Émile vieux: Le doute...
Émile jeune: La certitude que quelque chose se passe en moi et que tout à l’heure je pourrai mettre en mots; l’encrier ouvert, la page blanche... et moi...
Émile vieux: ...fou d’inquiétude...
Émile jeune: ...fou d’exaltation... ma main qui dessine des lettres, des mots, des vers... La joie de créer, c’est la vie!