Que fut sa vie ? Nul n'en sait rien. Mais chaque soir, chaque matin, Elle est collée contre le zinc, les yeux qui brillent. Lorsqu'au bistrot rentre un client, Vers lui, c'est d'un air souriant Qu'elle dit ces mots accueillants, La jolie fille : J'ai soif, j'ai soif ! Paie donc quéqu' chose.
Vois-tu, l'alcool, c'est mon régal Car, abîmée, cassée, j' crains pas la dose. Du vert, du rose, ça m'est égal. Puisque t'es chic, ben, j' te propose Une heure d'amour entre mes bras. Mais pour la cause, on remet ça. Ben quoi ? J'ai soif, j'ai soif ! Paie donc quéqu' chose
Et chacun est l'amant d'un soir. Mais quand l'un d'eux cherche à savoir, De la jolie fille aux yeux noirs, L'étrange histoire, C'est d'un regard triste, angoissé, Qu'elle répond, l'air oppressé : Tu veux savoir tout mon passé, Alors, à boire ! J'ai soif, j'ai soif ! Paie donc quéqu' chose.
J'oublie ainsi tous mes tourments Et je revois un lit aux rideaux roses. Quelqu'un me cause. Chut... C'est maman. Plus tard, l'amour, un gars qui ose. Aux coins des rues, le soir, j'attends. Je me propose à tout venant. Ah ah ah... Ben quoi ? J'ai soif, j'ai soif ! Paie donc quéqu' chose.
Je me propose à tout venant. J'ai soif, j'ai soif ! Paie donc quéqu' chose.