C'est dans le port d'Istanbul Bercé par l'ivresse Et les plis de la houle Qu'un homme est en liesse Tout au fond d'un canot Il déguste et sirote Des liqueurs au tonneau Car de tous les plaisirs De cette terre Il a goûté ô souvenir amer des saveurs d'une vie bourlinguée
Et dans le port d'Istanbul A l'heure où les mosquées Adressent à la foule Leurs prières, simultanément Tous les chalands De leurs poumons d'acier Entonnent le chant Le chant du départ Le gros bourdon Du désespoir De tous les marins qui ne partiront pas ce soir
C'est dans le port d'Istanbul Bercé par l'ivresse Et les plis de la houle Qu'un homme est en liesse Tout au fond d'un canot Il déguste et sirote Des liqueurs au tonneau Car de tous les plaisirs De cette terre Il a goûté ô souvenir amer des saveurs d'une vie bourlinguée
C'est la bourlingue, des vieilles carlingues Celles qui sont usées, d'avoir de tout abusé C'est la bourlingue, des vieilles carlingues Celles qui sont usées d'avoir été médusées Et dans le port d'Istanbul Comme les coques d'acier Sont bouffées par la rouille L'âme de l'homme est trouée De souvenirs anciens Qui, malgré lui, s'acharnent A torturer son âme Son âme de mataf De mataf amer Car l'avenir est maintenant Derrière lui, il le sait, il ne repartira pas
C'est dans le port d'Istanbul Bercé par l'ivresse Et les plis de la houle Qu'un homme est en liesse Tout au fond d'un canot Il déguste et sirote Des liqueurs au tonneau Car de tous les plaisirs De cette terre Il a goûté ô souvenir amer des saveurs d'une vie bourlinguée