Dans les allées désertes crevassées de boue Il erre, triste et seul, sans raison et sans but Il visite la mort comme d'autre les putes Trouvant dans la charogne un baume calme et doux Par la grille entrouverte des chapelles grises Il observe l'autel et ses roses fanées Sous la morne lueur des vitraux mordorés Et dans ses nerfs afflue une chaleur exquise Bien étrange neurasthénie Que celle de ce névrosé qui, hanté par l'heure dernière N'arrive à en trouver l'oubli Que sur la margelle fêlée D'une fontaine mortuaire Il s'éprend quelquefois des madonnes de pierre Dont le sanglot figé orne les sépultures Et caresse d'un bienveillant regard de mère L'étendue monotone de la pourriture Et sous le ciel vaseux d'un crépuscule fade Il arpente sans fin ces avenues de marbre Tandis que le vent froid qui secoue les grands arbres Vient un peu rafraîchir sa cervelle malade Et cette eau qu'elle puise du funèbre égout Après mille détours brassant les pestilences Il sait bien qu'il devra, pour guérir jusqu'au bout, La boire à s'en griser – curieuse eau de jouvence!