Si le bon Dieu nous a donné Dans sa largesse un trou sous le nez Pour baiser nos maîtresses, Pour compléter son souhait divin Il voulut qu'on y verse De temps en temps un verre de vin. Je cherche une fillette en vain Qui m'aime autant que j'aime le vin, Qui boira mon Bourgogne, Et mon Bordeaux, mon Saint-Julien. Et leur violente sève Coulera le feu dans nos reins.
(Refrain) Claque ta langue Fille de Bacchus Contre la mienne, Et gloire à Vénus!
Tandis qu'elle goûte à mon Latour, Au Chambertin, au Saint-Amour, Sous sa robe vermeille Elle m'offrira le fin bouquet De sa divine treille Au parfum d'ambre et de muguet. J'écouterai le doux babil Qu'engendre le Mouton-Rothschild, Et ses fraîches papilles Cajoleront le grand Pétrus Qui fait jouer aux filles L'amour sur un Stradivarius.
(au Refrain)
Elle saura se méfier de l'eau, Le nez dans le clos de Vougeot, Ou fleurant la vanille Dans le gracieux Château Giscours; J'aimerai qu'elle s'habille De ce parfum pour nos amours. Sortant mes lettres de cachet Avec le noble Montrachet, La belle peut me rendre Et en caresses, et en bécots, En accolements tendres, Cent fois le prix de son écot.
(au Refrain)
Qu'un jour nos académiciens Boivent quelques gouttes de vin, Ils auront le courage De définir ce mot abscons Qui est tout à leur image, Il rime avec le frais Mâcon. Si le bon Dieu nous a donné, Dans sa largesse, un trou sous le nez Pour baiser nos maîtresses, Pour compléter son souhait divin Il voulut qu'on y verse De temps en temps un verre de vin.