it Amarillide, deh! Vieni, Non ti prego e non t’invito Perché gl’occhi tuoi sereni Sian conforto al cor ferito: Questo priego è troppo altero, A ragion me ne dispero. Vieni almen par trarre un hora, Tutta lieta e dilettosa; Qui vermiglia esce l’Aurora, Qui la terra e ruggiadosa, Qui trascorre onda d’argento, Qui d’Amor mormora il vento. Mirerai rive selvagge, Chiusi boschi, aperti prati, Spechi ombrosi, apriche piaggie, Valli incolte, e colli arati; Che dirò di tanti fiori, Fior che dan cotanti odori. I nevosi gelsomini Le viole impallidite Gl Amaranti porporini Di beltà movono lite Mà la Rosa in sù la spina Stà frà lor’ quasi Reina. Nessun speri esser felice, Per lo stral d’Amore ardente: La medesma genitrice, In amor visse dolente. E mirossi il suo conforto, Da cinghial trafitto e morto.
fr Amaryllis, ah! viens ! Je ne te prie ni ne t’invite pour que tes yeux sereins soient le réconfort de mon cœur blessé. Ma prière est bien trop exigeante, et, avec raison, je désespère. Viens au moins passer une heure, toute joyeuse et toute riante : ici se lève l’aurore éclatante, ici la terre est humide de rosée, ici passe une vague argentée, ici le vent parle d’amour. Tu verras des berges sauvages, des bois fermés, des prairies ouvertes, des grottes ombragées, des plages tranquilles, des vallées en friche et des collines labourées. Que dirai-je de toutes ces fleurs, riches d’autant de parfums ? Le jasmin pointant sous la neige, La violette au teint pâle, L’Amarante couleur pourpre, Se lancent dans un concours de beauté ; Mais, telle une reine, la rose sur l’épine Émerge parmi eux. Que personne n’espère le bonheur, de la flèche brûlante d’Amour : sa mère elle-même a connu la souffrance d’aimer et s’est réconfortée à la vue d’un sanglier transpercé et agonisant *.
en Amaryllis, oh come! I neither beg you nor invite you So that your serene eyes Will be a comfort to my wounded heart: This prayer is too proud. I am right to despair of its success. Come at least to spend an hour, Quite joyous and delightful; Here Aurora rises all scarlet. Here the earth is wet with dew. Here there passes a silvery wave. Here the wind speaks of love. You will see wild banks, Enclosed woods, open meadows, Shady grottoes, sunlit seashores, Uncultivated valleys, and furrowed hills. What shall I say of all these flowers, Each exhaling its own perfume? The jasmine beneath the snow, The pale violet, The purple amaranth, Vie to be most beautiful. But the thorny rose rises amidst them Like a queen. Let no one hope to gain happiness From the burning arrow of Cupid: Even his mother Lived suffering through love, And found solace in the sight of a Gored and expiring boar *. * Allusion à la mort d’Adonis, tué par un sanglier, celui-ci mis à mort par la suite. * A reference to the death of Adonis, who was killed by a boar, which then itself was killed