ATHANAËL: Thaïs! THAÏS: C’est toi, mon père! Te souvient-il du lumineux voyage lorsque tu m’as conduite ici? A: J’ai le seul souvenir de ta beauté mortelle! T: Te souvient-il de ces heures de calme dans la fraîcheur de l’oasis ? A: Ah! Je me souviens seulement de cette soif inapaisée dont tu seras l’apaisement... T: Surtout te souvient-il de tes saintes paroles en ce jour où par toi j’ai connu le seul amour ? A: Quand j’ai parlé je t’ai menti! T: Et la voilà l’aurore! A: Je t’ai menti! T: Et les voilà les roses de l’éternel matin! A: Non! Le ciel... Rien n’existe... Rien n’est vrai que la vie et que l’amour des êtres... Je t’aime! T: Le ciel s’ouvre! Voici les anges et les prophètes... et les saints! Ils viennent avec un sourire, les mains toutes pleines de fleurs! A: Entends-moi donc... Ma toute aimée! T: Deux séraphins aux blanches ailes planent dans l’azur, et comme tu l’as dit, le doux consolateur posant sur mes yeux ses doigts de lumière! Ah! en essuie à jamais les pleurs! A: Viens! tu m’appartiens! O ma Thaïs! Je t’aime... Je t’aime! Thaïs! Ah! Viens! Dis-moi: je vivrai! Je vivrai! T: Le son des harpes d’or m’enchante! De suaves parfums me pénètrent! Je sens une exquise béatitude, ah! Ah! Une béatitude endormir tous mes maux! A: O Thaïs! Ma Thaïs! O ma Thaïs, tu m’appartiens! Thaïs! Thaïs! Je t’aime! Viens! Thaïs! Ah! Viens! Viens! T: Ah! le ciel! Je voix... Dieu! A: Morte! pitié!